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Le maître écuyer Nuno Oliveira

Nuno Oliveira est né le 23 juin 1925 à Lisbonne au Portugal, ses parents étaient très religieux et vivaient dans une situation relativement aisée. Le cousin de Nuno, Joaquim Goncalves de Miranda, était un ancien écuyer de l’école royale portugaise et va donc enseigner l’équitation au jeune Nuno, alors âgé de onze ans.

Passionné très jeune par les chevaux, Nuno Oliveira va étudier l’équitation classique dans tous les livres qu’il peut se procurer, en parallèle de suivre sa scolarité. Il va au même moment découvrir l’opéra, musique qui va l’accompagner tout au long de sa vie et même pendant le travail de ses chevaux.

Une fois le baccalauréat obtenu, le jeune cavalier portugais se lance dans une carrière dans l’équitation. Sans avoir ses propres écuries au début, il va tout d’abord aller travailler les chevaux de différents propriétaires en se déplaçant chez eux. Peu de temps devra suffire pour que son talent et sa réputation se fassent connaître et, en 1948, Nuno Oliveira sera reconnu maître écuyer au Portugal.

Installé dans un petit manège dans la banlieue de Lisbonne, l’écuyer passe ses journée à dresser ses chevaux et à enseigner l’équitation à ses élèves. Déjà à cette période, les cavaliers viennent de différents pays d’Europe afin d’apprendre du maître portugais. En 1964, le magazine L’Eperon, curieux sur la popularité de Nuno Oliveira, va alors réaliser un reportage sur ce dernier. Le monde équestre français, les meilleurs dresseurs français, le Cadre Noir de Saumur ainsi que la fédération française d’équitation (FFE) vont donc le découvrir à cette occasion.

Quelques années plus tard, en 1967, Nuno Oliveira va ouvrir sa propre école d’équitation, toujours près de Lisbonne. De plus en plus d’élèves provenant du monde entier viennent solliciter l’enseignement du maître. Il est un pédagogue exceptionnel et sait transformer les chevaux et les cavaliers avec son art. Cette même année, il commence à voyager beaucoup partout dans le monde pour donner des leçons d’équitation.

Il est régulièrement invité pour donner des stages et des cours ou animer des évènements équestres dans des écuries dans plusieurs pays d’Europe. Il voyage également en Australie et au Pérou, toujours pour partager ses connaissances.

Les écuyers du Cadre Noir de Saumur ont une immense admiration pour l’écuyer portugais. Le colonel Durand va donc l’inviter à de nombreuses reprises à Saumur et à participer à leurs évènements équestres.

Nuno Oliveira avait un rythme de vie effréné entre l’équitation, les voyages et l’écriture. Cependant et malgré sa popularité, il ne vivait pas si aisément. Il était entièrement opposé à l’équitation de compétition et n’a jamais participé à une compétition équestre de sa vie. Afin de garder son indépendance, il va également refuser la direction de l’école portugaise d’art équestre.

A soixante ans, le cavalier portugais commence à avoir des problèmes de santé : mal de dos et insuffisance cardiaque. Certainement dus à son rythme de travail éprouvant et excessif. En voyage en Australie, il est décédé dans sa chambre d’hôtel en écoutant de la musique d’opéra le 2 février 1989.

Les ouvrages de Nuno Oliveira

Le maître Nuno Oliveira était également un grand écrivain et laisse derrière lui une œuvre immense sur l’art équestre. Tout au long de sa vie, il a écrit de nombreux ouvrages, on en compte plus d’une douzaine, sur la pratique et la réflexion de l’art équestre. La réflexion et non une méthode ou une technique car oui, selon le maître, chaque cheval est unique et demande un dressage unique.

La réédition des Œuvres complètes de Nuno Oliveira est un livre indispensable que tout cavalier ou passionné de chevaux devrait toujours avoir sur sa table de chevet. Cet ouvrage complet est composé de plusieurs livres rédigés par le maître:

  • Réflexions sur l’Art Équestre (1965)
  • Notes sur l’enseignement de Nuno Oliveira (1972)
  • Principes classiques de l’art de dresser les chevaux (1983)
  • Propos d’un vieil écuyer aux jeunes cavaliers (1983)
  • Souvenirs d’un écuyer portugais (1984-1985)
  • Les chevaux et leurs cavaliers (1986)
  • Propos sur des croquis équestres (1990)
Œuvres complètes de Nuno Oliveira

Nuno Oliveira – Œuvres complètes

Auteur : Nuno Oliveira
Editeur : Belin

les écrits de jeunesse de Nuno Oliveira

Les Écrits de jeunesse de Nuno Oliveira

Auteur : Nuno Oliveira
Editeur : Actes Sud


Les mots qu’il écrit sur les chevaux et l’équitation sont plus des réflexions, des principes, des notes, des paroles, des souvenirs ou des propos. Avec plusieurs milliers d’élèves au cours de sa vie, un grand nombre d’entre eux partagent à leur tour le savoir, l’enseignement et les paroles du maître. Certains d’entre eux ont également publié des livres sur leur expérience avec ce dernier.

Paroles du maître Nuno Oliveira

Paroles du maître Nuno Oliveira

Auteur : Antoine de Coux
Editeur : Belin

L'enseignement de Nuno Oliveira

L’enseignement de Nuno Oliveira

Auteur : Eleanor Russell
Editeur : Belin

Notes et entretiens avec le maître Nuno Oliveira

Notes et entretiens avec le maître Nuno Oliveira

Auteur : Stephanie Grant Milham
Editeur : Belin

Nuno Oliveira

Nuno Oliveira

Auteur : Marion Scali
Editeur : Belin


L’enseignement de Nuno Oliveira

1. Une personnalité complexe

Les élèves de Nuno Oliveira étaient tous fascinés par leur maître, son talent de cavalier, son enseignement extraordinaire, son caractère complexe et ses aires de comédien. A l’unanimité, tout ceux qui avaient la chance de le voir et d’apprendre de lui en ressortaient transformés.

Cet homme d’une personnalité attachante et difficile peut être délicat à expliquer. Il pouvait d’abord être simple et chaleureux aux personnes qu’il souhaitait séduire, mais parfois il était d’une humeur féroce et ingrate avec ses amis et ses élèves. Le maître à l’attitude dominante qui pouvait regarder de haut ou même ignorer ceux qui lui déplaisaient par ce qu’ils pouvaient dire ou faire.

Nuno Oliveira, comme un artiste sensible et incompris, avait parfois des réactions imprévisibles. Il voulait affirmer son talent au monde équestre mais, en même temps, par manque de moyen et aussi pour prouver la finesse de son équitation, il montait toujours des chevaux médiocres. Même si les résultats étaient très impressionnants, il ne pouvait néanmoins pas faire de miracles.

Ces traits négatifs de sa personnalité complexe seront contestés par certaines personnes qui auront pu apprécier l’humanité du maître, sa gentillesse, sa simplicité, son amour. Cela pouvait changer totalement d’une personne à l’autre. Il suffisait qu’il aperçoive dans le regard des autres de l’admiration et de la passion pour devenir le plus agréable des hommes.

Malgré ses excès de colère, il ne pouvait voir un élève en difficulté sans chercher à tout faire pour l’aider à s’en sortir. Sans jamais dissimuler ne serait-ce une partie de son savoir. Il n’abandonnait jamais un élève, même s’il devait lui-même monter sur le cheval pour montrer ce qu’il attendait de lui.

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2. Inspirations du maître

Nuno Oliveira avait une équitation qui était inspirée de plusieurs maîtres de la haute école classique du XVIIIème siècle, tels que La Guérinnière, Steinbrecht et Baucher qu’il aimait explorer entre les lignes. L’équitation selon Oliveira est un art plus qu’un sport. Il n’existe pas une méthode ou une technique de travail, chaque cheval étant unique, il demande donc un dressage unique. Le cavalier et le cheval doivent ressentir en permanence du plaisir au travail. La beauté, l’expression du mouvement, la perfection des choses simples ainsi qu’une recherche constante de la légèreté sont des principes fondamentaux dans le dressage d’un cheval.

Pour Nuno Oliveira, une bonne position à cheval est le plus important pour monter correctement, selon lui, un cavalier avec une bonne position peut facilement accéder à la haute école. La position du cavalier doit être à la fois souple et liante avec le dos et les jambes comme principaux acteurs. Un emploi correcte du dos va répartir à volonté le poids et l’équilibre du cheval et ainsi permettre des mouvements tels que le rassemblé. La position du dos va être défini par une position correcte des jambes. L’action des jambes doit être fine et efficace et est d’après le maître d’importance égale que l’action des mains du cavalier.

Pour conclure, Nuno Oliveira s’est inspiré des classiques écuyers de l’époque cependant, il a été le fondateur d’une nouvelle équitation qui s’oppose au dressage de compétition. Beaucoup de ses anciens élève, y compris son fils Joao Oliveira, continuent d’enseigner l’équitation de leur maître. Fondateur de l’école de la légèreté, Philippe Karl, s’est à son tour beaucoup inspiré de Nuno Oliveira dans son approche du dressage.

3. L’art équestre opposé au sport

Dans son approche de l’équitation, Nuno Oliveira opposait fermement le cavalier de compétition au cavalier classique qui pratiquait l’art équestre. Il détestait le milieu de la compétition, il n’a d’ailleurs jamais participé à la moindre épreuve malgré son talent de cavalier. En compétition, selon le maître, les cavaliers recherchent la précision, l’exactitude du mouvement comme un robot travaillant une mécanique précise et monotone. Ils montrent toujours la même chose, répètent toujours le même travail avec des chevaux exceptionnels qui se ressemblent tous. C’est un dressage sans âme, sans sentiment et sans expression.

Nuno Oliveira défendait l’équitation latine, l’équitation classique des anciens qui recherchent de l’expression, de l’amour et le plaisir du couple cheval-cavalier au travail. Le maître montait toujours des chevaux très compliqués qu’il essayait d’améliorer grâce à toutes ses connaissances et compétences. Il cherchait à les avoir ronds et à l’aise, avec de l’expression et de la beauté dans les mouvements.