Parmi les nombreuses affections cutanées que les chevaux peuvent développer, les sarcoïdes sont les plus courantes.
Les sarcoïdes sont des cancers de la peau bénins que l’on pense être causés par une infection au papillomavirus. Bien qu’ils ne soient généralement pas considérés comme menaçants pour la vie, ils peuvent être inesthétiques et inconfortables pour le cheval, en fonction en partie de l’emplacement de la tumeur.
Ces lésions sont aussi appelées verrues et apparaissent généralement comme des plaques ou des nodules rugueux, surélevés et sans poils sur la peau qui ne sont pas douloureux ou démangeants.
Dans cet article, vous allez découvrir tout ce que vous devez savoir sur les sarcoïdes chez le cheval, les différents types, les causes, le diagnostic et les différentes solutions existantes pour les traiter.
Qu’est-ce qu’un sarcoïde chez le cheval?
Le sarcoïde chez le cheval est une forme de tumeur cutanée, généralement bénigne. C’est l’une des maladies de peau les plus courantes chez les chevaux. Les chevaux développent généralement des lésions à plusieurs endroits, mais des lésions isolées peuvent également survenir.
Les sarcoïdes peuvent varier considérablement en apparence, en taille et en localisation sur le corps du cheval. Ils peuvent ressembler à des verrues, des nodules fermes, ou des lésions ulcérées et peuvent causer de l’irritation, interférer avec l’équipement, ou saigner s’ils sont frottés.
Les sarcoïdes sont couramment trouvés sur la tête du cheval (surtout autour des yeux), sur le poitrail, les oreilles, les faces internes des membres, sous l’abdomen ou autour du fourreau. Les sarcoïdes sur la tête ont tendance à être plus petits, tandis que ceux sur les extrémités sont généralement plus grands.
Les sarcoïdes sont causés par un virus, le virus du papillome bovin, mais ils ne sont pas considérés comme contagieux entre chevaux. Le virus peut être présent sur la peau sans causer de sarcoïdes, et ces derniers peuvent se développer lorsque le système immunitaire du cheval est affaibli ou lorsqu’il y a une irritation ou un traumatisme de la peau.
Le traitement des sarcoïdes peut être compliqué et dépend de la taille, du type et de l’emplacement de la tumeur. Nous aborderons à la fin de l’article les différentes options de traitement possibles. Il est important de noter que les sarcoïdes peuvent récidiver après le traitement, et dans certains cas, les interventions peuvent aggraver l’état.
1. Pourquoi un cheval a une verrue (un sarcoïde)?
Les recherches montrent que les sarcoïdes chez les chevaux sont principalement causés par le virus du papillome bovin (BPV), spécifiquement les types 1 et 2 de ce virus. Bien que ce soit un facteur clé dans le développement des sarcoïdes, il est important de noter que tous les chevaux exposés au virus n’en développeront pas nécessairement.
Voici quelques facteurs et conditions qui peuvent contribuer à leur apparition:
- Facteurs viraux – Le BPV est considéré comme le principal facteur étiologique. Ce virus peut être présent sur la peau sans provoquer de tumeurs, mais dans certaines circonstances, il peut induire la formation de sarcoïdes.
- Prédisposition génétique – Il semble exister une prédisposition génétique chez certains chevaux à développer des sarcoïdes en présence du virus. Cette prédisposition pourrait expliquer pourquoi certains chevaux développent des sarcoïdes tandis que d’autres, exposés au même virus, n’en développent pas.
- Traumatismes de la peau – Les lésions cutanées, comme les coupures, les égratignures ou d’autres formes de traumatisme, peuvent fournir un site d’entrée pour le virus et stimuler la formation de sarcoïdes. Les sites de blessures sont souvent des zones où les verrues se développent.
- État immunitaire du cheval – Le système immunitaire joue un rôle clé dans la manière dont le corps du cheval réagit au BPV. Un système immunitaire affaibli ou compromis peut ne pas être capable de combattre efficacement le virus, augmentant ainsi le risque de développement de sarcoïdes.
- Âge et race du cheval – Bien que les sarcoïdes puissent survenir à tout âge, ils sont plus couramment observés chez les jeunes chevaux. Certaines races peuvent également être plus prédisposées à développer des verrues, bien que cette tendance ne soit pas complètement comprise.
2. Les différents types de sarcoïdes
Les sarcoïdes chez les chevaux peuvent varier considérablement en apparence, et il existe plusieurs types différents.
Chaque type de sarcoïde peut nécessiter une approche différente en termes de traitement et de gestion. La taille, l’emplacement et le type de sarcoïde jouent tous un rôle dans la détermination de la meilleure stratégie de traitement. Il est donc essentiel de consulter un vétérinaire pour un diagnostic et des recommandations de traitement appropriés.
Voici une description des différents types de sarcoïdes et de leur apparence typique.
Sarcoïdes occultes
C’est la forme la plus stable de sarcoïde. Ils ressemblent à des plaques de peau épaissie avec une surface lisse, légèrement squameuse. Ils sont souvent confondus avec des cicatrices ou des zones de dermatite. Ces tumeurs se trouvent généralement sur l’encolure, la tête ou les zones à poils fins, comme les faces internes des membres.
Ils peuvent ne pas changer pendant des années. Cependant, dans certains cas, ils peuvent se transformer en type verruqueux ou fibroblastique.
Sarcoïdes verruqueux
Ces sarcoïdes ont une apparence verruqueuse, semblable à celle des verrues. Ils ont une surface rugueuse et sont souvent grisâtres ou de couleur chair. Bien qu’ils puissent apparaître n’importe où sur le corps, ils sont couramment observés sur les zones sans poils ou à poils fins.
Ce type de sarcoïde a une croissance lente et ils sont les moins agressifs mais peuvent évoluer vers une forme plus grave de type fibroblastique.
Sarcoïdes nodulaires
Ces formations sont fermes et nodulaires, ressemblant à de petites bosses sous la peau ou élevant la peau. Elles peuvent être recouvertes de peau normale ou légèrement modifiée. Les sarcoïdes nodulaires sont souvent localisés autour des yeux, de l’encolure, du fourreau et des faces internes des membres.
Leur taille varie de 0,5 à 20 cm de largeur, et un cheval peut en avoir un ou des centaines. Interférer avec ce type de sarcoïde peut entraîner une croissance rapide et une possible transformation en un type fibroblastique.
Sarcoïdes fibroblastiques
Les sarcoïdes fibroblastiques sont agressifs et à croissance rapide. Ils sont localement invasifs, pouvant atteindre les tissus sous la peau.
Ils se présentent comme des masses charnues de forme irrégulière, surélevés et fermes, et se présentent souvent en grappes de différentes tailles. Ils sont généralement lisses et sans poils, mais les plus petits peuvent être recouverts d’une peau d’aspect normal. Les masses deviennent souvent ulcérées et saignantes.
Ces sarcoïdes sont souvent trouvés dans des zones où la peau a été blessée. Malgré leur apparence agressive, ils ne métastasent pas. Cependant, ils peuvent se propager aux zones locales et ont souvent un mauvais pronostic pour le traitement.
Sarcoïdes mixtes
Comme leur nom l’indique, ils présentent des caractéristiques de plus d’un type de sarcoïde et sont assez courants. Par exemple, un sarcoïde peut commencer comme une lésion verruqueuse ou occulte et évoluer en une forme fibroblastique.
Sarcoïdes malins
Bien que les sarcoïdes soient généralement bénins, dans de rares cas, ils peuvent devenir très agressifs et invasifs, ressemblant cliniquement à un cancer plus malin.
Ils peuvent infiltrer les vaisseaux lymphatiques, entraînant des nodules et des cordons de tumeurs palpables et visibles.
Les sarcoïdes malins peuvent se développer après un traumatisme ou un traitement de sarcoïde échoué et se propager rapidement sur le corps. Ils peuvent également s’ulcérer et saigner.
Comment soigner une sarcoïde chez le cheval?
Il est important de noter que le diagnostic et le traitement précoces sont cruciaux pour gérer efficacement les sarcoïdes. Les sarcoïdes peuvent être agressifs et peuvent se propager ou devenir plus difficiles à traiter si laissés sans surveillance. Par conséquent, si un propriétaire de cheval suspecte la présence d’une sarcoïde, il est conseillé de consulter un vétérinaire le plus rapidement possible.
1. Diagnostic
Si vous soupçonnez qu’un cheval a des sarcoïdes, obtenir un diagnostic précis du vétérinaire est important. Il s’assurera que le cheval n’est pas affecté par un autre type de tumeur ou par un autre trouble de la peau.
Le vétérinaire commencera par un examen clinique détaillé. L’aspect, la localisation et le nombre de lésions seront évalués. Les sarcoïdes peuvent souvent être suspectés sur la base de leur apparence et de leur localisation typiques.
La méthode la plus fiable pour confirmer le diagnostic d’un sarcoïde est la biopsie. Un petit échantillon de tissu est prélevé sur la lésion et examiné au microscope. Cependant, il y a un risque que la biopsie puisse stimuler la croissance de la sarcoïde, donc cette procédure doit être effectuée avec prudence.
C’est pourquoi certains professionnels recommandent qu’un diagnostic soit fait uniquement sur l’examen clinique, et qu’une biopsie ne soit effectuée que si le diagnostic est incertain en raison de l’apparence atypique ou de l’emplacement de la lésion.
L’analyse histopathologique de l’échantillon de biopsie peut confirmer la présence de sarcoïde et aider à distinguer les sarcoïdes d’autres types de tumeurs cutanées ou de lésions.
2. Faut-il soigner une verrue chez le cheval?
La décision de traiter ou non un sarcoïde chez le cheval dépend de plusieurs facteurs, et il n’existe pas de réponse unique applicable à tous les cas. Voici les principaux éléments à prendre en compte:
- Taille et emplacement – Les petits sarcoïdes qui ne gênent pas le cheval et ne sont pas situés dans des zones problématiques (comme près des yeux ou des articulations) peuvent parfois être laissés sans traitement, surtout s’ils restent stables en taille.
- Changements et croissance – Si le sarcoïde change rapidement en taille, forme, ou s’il devient irrité ou ulcéré, un traitement est généralement recommandé pour prévenir d’autres complications.
- Impact sur le bien-être du cheval – Si la sarcoïde cause de l’inconfort, interfère avec le harnachement, ou affecte la mobilité ou la fonctionnalité de certaines parties du corps du cheval, un traitement est souvent nécessaire.
- Type de sarcoïde – Certains types de sarcoïdes, comme les sarcoïdes fibroblastiques, sont plus agressifs et ont plus de chances de se propager ou de causer des problèmes. Ces types peuvent nécessiter un traitement plus agressif.
- Risque de propagation – Le traitement peut être envisagé pour réduire le risque de propagation des sarcoïdes à d’autres zones du corps du cheval.
Il est important de noter qu’un suivi régulier est crucial, même si la décision est prise de ne pas traiter immédiatement un sarcoïde. Les sarcoïdes peuvent évoluer au fil du temps, et un plan de traitement peut nécessiter des ajustements en fonction de leur progression.
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3. Les traitements possibles contre les sarcoïdes
Le traitement des sarcoïdes chez le cheval peut varier selon le type, la taille, l’emplacement de la sarcoïde, et l’état de santé général du cheval. Voici plusieurs options de traitement couramment utilisées :
Exérèse chirurgicale
L’ablation chirurgicale est souvent utilisée pour les sarcoïdes de petite taille et bien délimités. Une fois le sarcoïde retiré, la peau peut être suturée ou laissée ouverte pour guérir.
Le succès dépend de l’élimination complète de toutes les cellules tumorales, ce qui peut être difficile. En effet, la moitié des sarcoïdes traités de cette manière repoussent. Selon une étude, la plupart des re-croissances de tumeurs surviennent dans les six mois suivant la chirurgie.
Cryothérapie
Cette méthode implique de mettre un cheval sous anesthésie générale et de geler la sarcoïde avec de l’azote liquide ou un autre agent de congélation. Elle est souvent utilisée pour les petites lésions et peut nécessiter plusieurs séances.
Les grands sarcoïdes peuvent être réduits au préalable pour de meilleurs résultats. L’agent de congélation est souvent injecté sous la tumeur pour affecter l’ensemble du sarcoïde.
Avec plusieurs sarcoïdes ou ceux de plus de 3 cm de diamètre, il est souvent impossible de geler la totalité de la tumeur pendant une période d’anesthésie générale. Cependant, lorsque seulement quelques sarcoïdes sont traités, une régression spontanée des tumeurs non traitées est parfois observée.
Toutefois, des complications de la cryothérapie peuvent survenir, y compris des dommages aux tissus ou structures vitales à proximité.
Thérapie au Laser
Utilisée pour découper ou détruire le tissu tumoral. Cette méthode peut être particulièrement utile pour les sarcoïdes dans des emplacements difficiles à traiter chirurgicalement.
Il y a un saignement minimal et généralement pas de gonflement avec la chirurgie au laser. La plaie résultante peut être soit fermée, soit laissée ouverte pour une guérison naturelle. Cependant, la guérison peut être lente et des cicatrices se forment probablement.
L’équipement nécessaire pour réaliser la chirurgie au laser est coûteux et nécessite une formation spécialisée. Pour cette raison, la chirurgie au laser est souvent limitée aux cliniques privées spécialisées.
Chimiothérapie
Les médicaments de chimiothérapie peuvent également être utilisés pour les sarcoïdes équins. Des médicaments, comme la cisplatine ou la bléomycine, sont injectés directement dans la sarcoïde pour induire la régression de la tumeur.
Des crèmes ou des pommades contenant des agents chimiothérapeutiques ou des modulateurs du système immunitaire peuvent aussi être appliquées directement sur la sarcoïde.
Un inconvénient des médicaments de chimiothérapie est qu’ils peuvent endommager les tissus sains. Ils doivent être utilisés avec prudence, en particulier sur les zones osseuses, les vaisseaux sanguins ou les nerfs. Les crèmes et les médicaments de chimiothérapie injectés peuvent provoquer une inflammation et des cicatrices.
La chimiothérapie est parfois utilisée en combinaison avec d’autres traitements, tels que la réduction chirurgicale, l’exérèse.
Radiothérapie
Bien que moins courante en raison de sa complexité et de son coût, la radiothérapie peut être efficace, en particulier pour les sarcoïdes difficiles à traiter par d’autres moyens.
Ce traitement implique de raser le sarcoïde au niveau de la peau et de libérer un faisceau de radiation sur la zone tandis que le cheval est sous anesthésie.
Les traitements de radiothérapie sont généralement effectués chaque semaine pendant quatre semaines en tant que procédure ambulatoire. Cela ne cause pas d’inconfort pour le cheval, mais des poils blancs se développent souvent sur le site de la radiation.
Bandage de compression
Pour certains types de sarcoïdes, appliquer un bandage de compression peut être utile pour réduire la taille de la tumeur.
Un fil ou un élastique est généralement serré autour de la base de la tumeur pour couper l’approvisionnement en sang. Cela entraîne la mort du sarcoïde qui tombe dans les 10 à 14 jours.
Cette méthode de traitement est utile pour le contrôle à court terme des grands sarcoïdes sur les membres ou l’abdomen, mais ne résout généralement pas le problème.
Thérapies immunomodulatrices
Des traitements qui stimulent le système immunitaire du cheval pour qu’il attaque les cellules de la sarcoïde. Cela peut inclure des vaccins ou d’autres agents stimulant l’immunité.
Le vaccin bilié de Calmette et Guérin (BCG) est la forme la plus courante d’immunothérapie utilisée avec les sarcoïdes. Ce vaccin a été initialement conçu pour prévenir la tuberculose, mais a donné des résultats fructueux dans le traitement des sarcoïdes. Il est généralement injecté directement dans la tumeur, mais de multiples injections sont nécessaires.
La résolution complète des sarcoïdes avec le vaccin BCG peut prendre de six semaines à un an ou potentiellement plus longtemps. Cependant, le traitement n’est généralement pas efficace avec de multiples ou de grandes tumeurs.
Ces dernières années, les vétérinaires ont utilisé d’autres types d’immunothérapie pour le traitement des sarcoïdes, bien que les études soient limitées.
Thérapies naturelles ou alternatives
Certains propriétaires de chevaux optent pour des thérapies naturelles ou alternatives, mais leur efficacité peut varier et elles devraient être discutées avec un vétérinaire.
Il est essentiel de noter que le choix du traitement doit être personnalisé pour chaque cheval et chaque sarcoïde. Les sarcoïdes peuvent être notoirement difficiles à traiter, avec un risque de récidive. Une discussion avec un vétérinaire qualifié est cruciale pour déterminer la meilleure stratégie de traitement pour un cas particulier. De plus, le suivi après le traitement est important pour surveiller toute récidive ou complication.
En résumé, les sarcoïdes sont l’une des formes les plus courantes de cancer de la peau chez les chevaux, mais ces tumeurs sont principalement bénignes. Un vétérinaire déterminera le meilleur plan de traitement pour le cheval. Le traitement recommandé dépendra de l’emplacement, de l’étendue des lésions, de votre budget et du tempérament du cheval.
Les sarcoïdes survenant autour de l’œil ne peuvent être traités en toute sécurité que par certaines méthodes. Les sarcoïdes autour des genoux ou des jarrets peuvent être difficiles à traiter afin de ne pas endommager les structures vasculaires, osseuses ou synoviales à proximité.
Quel que soit le traitement que vous choisissez d’utiliser, il peut falloir des mois pour résoudre les lésions et les sarcoïdes peuvent réapparaître après le traitement. S’ils récidivent, un nouveau traitement sera probablement nécessaire.