La journée de travail finie, vous vous dirigez vers les écuries pour vous occuper de votre cheval. Bizarrement, vous remarquez que la mangeoire est pleine de nourriture. Le boxe est propre mais la paille a été un peu déplacée. Votre cheval transpire légèrement. Il se tient dans un coin du boxe avec la tête pendante et de la paille dans la crinière et la queue. Soit c’est votre jour de chance et quelqu’un vous a surpris en s’occupant de votre cheval et de son boxe. Ou bien ce sont les signes d’un problème sérieux.
Si vous connaissez le comportement normal de votre cheval, vous reconnaîtrez probablement que dans ce scénario il montre de multiples signes de coliques. Il a cessé de manger, de boire et de faire ses crottins. De plus, il agit déprimé et léthargique, et montre des signes de fatigue. Ces signes et symptômes sont autant de choses que vous pouvez repérer plus tôt et plus facilement si vous apprenez à les remarquer régulièrement.
5 choses de bases à observer
1. Les crottins
Les chevaux font normalement 8 à 12 crottins par jour. En nettoyant fréquemment votre box ou votre paddock (deux fois par jour ou plus), il est plus facile de compter les tas de crottins et de remarquer tout changement subtil. Cela contribue également à la propreté de l’environnement de l’écurie et vous fait gagner du temps à long terme. Si votre boxe ne peut être nettoyé qu’une fois par jour et que les crottins sont mélangés, vous pouvez suivre l’évolution de la production fécale en faisant attention au niveau de remplissage de la brouette chaque jour. Cette méthode n’est pas aussi précise que le comptage des tas, mais elle peut être plus pratique.
Toute anomalie peut être significative, n’hésitez donc pas à appeler votre vétérinaire. Voici quelques exemples de ce que vous devez savoir et pour lesquels vous devez contacter votre vétérinaire :
- Le débit fécal diminue souvent en cas de colique (diminution de la motilité du tube digestif) ou si votre cheval ne mange pas sa quantité normale (généralement en raison d’une maladie, d’une douleur ou d’une maladie dentaire).
- La diarrhée peut être un signe sérieux de parasites, d’infection, de cancer ou d’une autre maladie, ou peut simplement être due à l’excitation.
- Des boulettes fécales anormalement sèches ou plus petites que la normale ou recouvertes de mucus peuvent être un signe de colique, de déshydratation et/ou de ralentissement de la motilité gastro-intestinale.
- La présence de parasites/vers adultes visibles dans les selles de votre cheval suggère que vous devez discuter de votre programme des vermifuges avec votre vétérinaire afin de prévenir les complications liées aux parasites.
- De longues fibres de tiges ou de grosses particules de céréales peuvent indiquer une maladie dentaire et un risque accru de colique d’impaction.
- Les matières étrangères telles que le sable ou le gravier peuvent entraîner de graves problèmes de coliques.
En ce qui concerne les coliques, et la plupart des autres problèmes d’ailleurs, plus vous vous apercevez tôt de la présence d’un problème et appelez votre vétérinaire pour un diagnostic et un traitement, meilleurs sont le pronostic et le résultat. Gardez donc un œil sur le fumier!
2. La consommation d’eau
En moyenne, les chevaux boivent entre 1,5 à 3 litres d’eau par 45 kg par jour. Ce qui signifie qu’un cheval de 450 kg boit 15 à 30 litres d’eau par jour. Il s’agit d’une large fourchette normale, qui peut augmenter considérablement en fonction de la température, de l’activité ou de la charge de travail. Apprenez à connaître la quantité d’eau que votre cheval consomme habituellement en une journée et les causes de cette fluctuation.
Une consommation excessive d’eau peut être le signe d’une maladie rénale ou d’un syndrome de Cushing. Plus couramment, lorsqu’un cheval ne boit pas assez d’eau, la déshydratation et les coliques peuvent s’ensuivre. Les abreuvoirs automatiques rendent difficile le contrôle de la quantité d’eau bue par votre cheval (sauf si le débit d’eau est mesuré). En cas de doute, utilisez des seaux et désactivez l’abreuvoir automatique pour pouvoir suivre l’évolution de la situation. Si vous détectez le problème suffisamment tôt, le trempage du foin et des aliments en granulés de votre cheval peut aider à augmenter la consommation d’eau, tandis que l’administration d’électrolytes peut aider à augmenter la soif. Cependant, si votre cheval ne boit pas sa quantité habituelle et présente d’autres anomalies de comportement, il est temps d’appeler votre vétérinaire.
3. L’appétit
Un cheval en bonne santé aime manger. La perte d’appétit est probablement le signe d’un problème grave. Les chevaux qui dévorent leur nourriture puis cessent de manger ou grincent des dents quelques bouchées plus tard peuvent souffrir d’ulcères. Ceux qui agissent comme s’ils avaient faim mais ne semblent pas manger grand-chose et laissent des petites boules de foin partiellement mâchées autour du box peuvent avoir une maladie dentaire. Les chevaux qui ont simplement perdu l’appétit peuvent souffrir de coliques ou de boiteries, avoir une infection ou une autre maladie interne grave. En cas de doute, appelez le vétérinaire.
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4. Le comportement du cheval
Il est très important de passer du temps à observer le comportement et l’attitude au quotidien de votre cheval. Les chevaux dorment normalement par intermittence au cours de la journée. Mais si votre cheval est léthargique, il se peut que quelque chose de plus grave se passe. L’agitation peut également être le signe d’un problème. Des conditions douloureuses comme les coliques peuvent amener votre cheval à gratter du pied, à tourner en rond, à se rouler et à regarder sur les côtés.
Tout signe de douleur abdominale ou de colique doit être pris en compte rapidement. Faites lever votre cheval et promenez-le si possible (votre sécurité passe avant tout) et appelez immédiatement votre vétérinaire.
5. Inspection visuelle
Votre cheval doit être inspecté visuellement au moins deux fois par jour. Vérifiez que les deux yeux sont bien ouverts, qu’il n’y a pas de gonflement ni d’écoulement oculaire. L’écoulement nasal peut être le signe d’une infection contagieuse, auquel cas votre cheval doit être immédiatement mis en quarantaine de tous les autres chevaux de l’écurie. Vous devrez également vous laver pour éviter de la propager.
Vérifiez si votre cheval se roule (la plupart des chevaux normaux se roulent périodiquement, il est donc important de savoir ce qui est normal pour le vôtre), s’il transpire ou s’il a une distension/un gonflement de l’abdomen – tous ces signes peuvent indiquer une colique. Recherchez des plaies ou des gonflements, en particulier sur les quatre membres. Vérifiez en main ou à la longe si votre cheval ne boite pas, s’il n’est pas déséquilibré quand il bouge et/ou s’il pointe d’un pied.
Observez l’environnement de votre cheval et assurez-vous qu’il n’y a pas de clôtures cassées ou d’autres signes de problème. S’il fait nuit, utilisez une lampe frontale ou amenez votre cheval dans l’écurie où il y a beaucoup de lumière pour ne rien manquer. Les plaies perforantes, les plaies nécessitant des points de suture, les boiteries non portantes et les blessures aux yeux sont autant d’affections nécessitant un traitement rapide par votre vétérinaire.
Contrôler la santé de son cheval
Plus vous avez d’informations sur la situation, mieux c’est, surtout lorsque vous devez appeler votre vétérinaire. En donnant ces informations au vétérinaire par téléphone, il lui sera plus facile d’évaluer la situation et d’établir un plan. C’est là qu’une trousse de premiers soins est utile, car vous aurez besoin d’un stéthoscope, d’un thermomètre et d’une liste des paramètres normaux du cheval, tels que la température, le pouls, la fréquence respiratoire et le temps de recoloration capillaire (TRC).
1. Température
Commencez par prendre la température de votre cheval (faites attention et tenez-vous en dehors de la zone de coup de pied), de préférence avec un thermomètre numérique. La température normale d’un cheval se situe entre 37°C et 38°C. L’extrémité supérieure de la normale n’est fréquente qu’après un entraînement intense ou par temps chaud. Tandis que l’extrémité inférieure de la normale est fréquente chez le cheval détendu ou sédentaire. Des températures supérieures à 38°C indiquent une infection et un appel à votre vétérinaire. Tandis que des températures supérieures à 39°C indiquent souvent une visite d’urgence. Une température anormalement basse peut être le signe d’un problème grave, comme une colique, un choc ou une maladie avancée, et indique également une visite d’urgence chez le vétérinaire.
2. Pouls
Dans le cas d’une colique, il est très utile d’avoir un pouls de base avant d’administrer un anti-inflammatoire. Ceci est particulièrement important si votre vétérinaire ne peut pas se rendre sur place immédiatement et vous conseille d’administrer un médicament en attendant. Le pouls est un bon indicateur du niveau de douleur (sauf chez le cheval excité ou nerveux) et de la gravité du problème. Il existe différentes méthodes de prise de pouls pour les chevaux, demandez donc à votre vétérinaire de vous montrer comment les réaliser afin de trouver celle qui vous convient. Entraînez-vous afin d’être prêt le moment venu.
Souvent, la façon la plus simple de prendre le pouls est d’utiliser un stéthoscope. Placez le stéthoscope (ou la paume de votre main) sur la paroi thoracique gauche de votre cheval, juste devant la sangle, derrière le coude. Un pouls normal est lent (36 à 44 battements par minute) ; soyez donc patient lorsque vous attendez de l’entendre ou de le sentir. Demandez à quelqu’un de vous chronométrer pendant 15 secondes, comptez le nombre de battements que vous entendez pendant cette période et multipliez par quatre pour obtenir les battements par minute.
Pour le meilleur ou pour le pire, un pouls élevé est souvent plus facile à entendre/sentir. Ainsi, si vous avez du mal à vous entraîner, cela deviendra probablement plus facile si le cheval a vraiment un problème, comme une colique, une blessure douloureuse ou une fourbure. En général, un pouls supérieur à 48 pendant plus d’une demi-heure justifie un appel à votre vétérinaire. Si le pouls est supérieur à 56 et que votre cheval présente d’autres signes anormaux, appelez immédiatement le vétérinaire.
3. La fréquence respiratoire
La respiration de votre cheval ne doit pas être bruyante ou laborieuse. La fréquence respiratoire doit se situer entre 8 et 12 respirations par minute. La fréquence respiratoire augmente normalement avec l’exercice et l’excitation, mais aussi en cas de maladie grave comme une pneumonie, une maladie cardiaque, un choc, une colique ou une réaction allergique. Ce sont toutes des conditions qui nécessitent des soins vétérinaires rapides.
Pour mesurer la fréquence respiratoire de votre cheval, placez votre main devant son museau afin de sentir le flux d’air, ou observez l’expansion/contraction de la région des flancs de votre cheval. Comptez les respirations sur une période de 15 secondes et multipliez par quatre pour obtenir des respirations par minute.
4. Le temps de recoloration cutanée (TRC)
Relevez la lèvre supérieure de votre cheval et observez la couleur de sa gencive. Elle doit être rose pâle et humide. Blanchissez les gencives en y appuyant votre doigt pendant quelques secondes, puis relâchez et observez le retour de la couleur. C’est le temps de recoloration cutanée, ou TRC. Un TRC normal doit être inférieur à deux secondes. Un TRC supérieur à cette durée est un signe de maladie systémique grave, de choc ou de déshydratation. La couleur rose foncé, bleue ou grise des gencives peut également indiquer un problème grave, veillez donc à alerter votre vétérinaire si c’est le cas.
Il est essentiel pour toutes les personnes s’occupant de votre cheval de connaître les signes et symptômes de base d’une situation d’urgence et de savoir quand appeler le vétérinaire. Vous, les employés de l’écurie et/ou l’entraîneur faites en sorte que toutes les personnes qui s’occupent de votre cheval sachent ce qu’il faut rechercher. Plus vous aurez d’expérience, plus vous pourrez détecter rapidement des changements subtils dans la santé et le comportement de votre cheval. Une détection précoce réduit le risque de complications et de problèmes se transformant en maladie grave. Cela peut même sauver la vie de votre cheval. Et surtout, en cas de doute, appelez le vétérinaire !