La coproscopie est une analyse simple, économique et précieuse pour surveiller l’état parasitaire des chevaux. Trop longtemps négligée, elle devient aujourd’hui un outil incontournable dans une approche de vermifugation raisonnée. Face aux résistances croissantes aux vermifuges, cette pratique permet de cibler les traitements, de préserver l’efficacité des produits et d’améliorer la santé globale des équidés.
Dans cet article, nous vous expliquons ce qu’est la coproscopie, pourquoi, quand et comment la réaliser, et comment l’intégrer efficacement dans la gestion sanitaire de votre cheval.
Qu’est-ce que la coproscopie?
La coproscopie est une analyse des selles (crottin) visant à détecter la présence et la quantité d’œufs de parasites intestinaux. Elle permet d’identifier les types de vers que le cheval héberge, comme:
- Les strongles (petits et grands), responsables de troubles digestifs et parfois de coliques sévères,
- Les ascaris, surtout présents chez les jeunes chevaux dont l’immunité est encore immature,
- Les oxyures, qui provoquent souvent des démangeaisons anales,
- Et parfois les ténias, plus difficiles à détecter, mais potentiellement impliqués dans certaines coliques.
L’analyse repose sur l’observation des œufs au microscope à l’aide de méthodes spécifiques, telles que:
- La technique de flottation, qui sépare les œufs des matières fécales grâce à une solution saline,
- La méthode McMaster, qui permet de quantifier précisément le nombre d’œufs par gramme de fèces (EPG).
👉 Ces résultats offrent une photographie fiable de la charge parasitaire à un instant donné et permettent d’adapter les traitements de manière ciblée et raisonnée. La coproscopie est ainsi un outil de diagnostic préventif essentiel pour tout propriétaire ou gestionnaire de chevaux.
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Pourquoi faire une coproscopie à son cheval?
La coproscopie offre de nombreux avantages, tant pour le bien-être du cheval que pour la gestion globale du troupeau. Elle permet de fonder les décisions de traitement sur des données objectives plutôt que sur des habitudes ou des suppositions.
➡️ Prévenir les maladies parasitaires
Les parasites internes peuvent provoquer des troubles digestifs, une perte d’état, des coliques, voire des complications graves (ulcérations intestinales, perforations, etc.). Détecter précocement une infestation permet d’intervenir à temps et de préserver la santé digestive du cheval.
➡️ Évaluer la charge parasitaire
L’analyse mesure la quantité d’œufs présents dans les selles (EPG). Une faible charge indique que le système immunitaire du cheval contrôle bien les parasites, tandis qu’une charge élevée révèle un déséquilibre nécessitant une intervention.
➡️ Cibler les vermifuges
Chaque famille de vermifuges agit sur des parasites spécifiques. Grâce à la coproscopie, on choisit le produit le mieux adapté, ce qui augmente l’efficacité du traitement tout en réduisant le risque d’effets secondaires inutiles.
➡️ Lutter contre les résistances
Les parasites développent progressivement une résistance aux molécules utilisées de manière abusive. La coproscopie permet de réduire la fréquence des traitements en ne vermifugeant que les chevaux réellement infestés, contribuant ainsi à freiner ce phénomène préoccupant.
➡️ Vérifier l’efficacité des traitements
Une coproscopie de contrôle (appelée test de réduction de l’excrétion fécale) réalisée 10 à 14 jours après le traitement permet de s’assurer que le vermifuge a bien été efficace. Une baisse insuffisante du nombre d’œufs peut révéler une résistance du parasite ou un problème d’administration.

Quand réaliser une coproscopie à un cheval?
Pour être utile, la coproscopie doit être faite au bon moment. Elle doit correspondre aux pics d’activité des parasites et aux périodes clés de gestion des pâtures. Voici les moments les plus stratégiques pour effectuer une analyse:
👉 Printemps (mars à mai)
- Évaluer la charge parasitaire après la période hivernale, lorsque le système immunitaire peut être affaibli.
- Identifier les chevaux à haut risque avant la mise à l’herbe, période où la contamination des pâtures recommence.
👉 Été (juin à août)
- Assurer un suivi en pleine saison de pâturage, moment de forte activité parasitaire.
- Détecter les infestations silencieuses qui peuvent passer inaperçues sans symptômes cliniques.
👉 Automne (septembre à novembre)
- Réaliser un bilan de fin de saison de pâturage.
- Déterminer si un traitement est nécessaire pour limiter l’impact des larves enkystées (petits strongles) pendant l’hiver.
👉 Après un vermifuge (4 à 6 semaines après)
- Réaliser une coproscopie de contrôle (test de réduction de l’excrétion fécale).
- Vérifier l’efficacité du produit utilisé et identifier d’éventuelles résistances.
En règle générale, 2 à 4 analyses par an suffisent pour un cheval adulte vivant en conditions normales. Les jeunes chevaux (moins de 3 ans), les chevaux âgés, immunodéprimés, ou vivant dans des environnements à forte densité équine peuvent nécessiter un suivi plus fréquent (tous les 2 à 3 mois). L’analyse peut aussi être répétée après tout changement dans l’état de santé du cheval ou en cas de suspicion de parasitisme accru.
Comment se déroule une coproscopie?
La coproscopie est un acte simple à mettre en œuvre, mais sa fiabilité dépend du respect de quelques règles de base. Voici les différentes étapes pour bien la réaliser.
Prélever un échantillon
➡️ Prendre une boule de crottin frais, idéalement encore tiède, pour garantir la viabilité des œufs.
➡️ Prélever à l’aide de gants propres pour éviter toute contamination croisée.
➡️ Utiliser un pot stérile ou un sac de congélation propre et hermétique.
➡️ Étiqueter l’échantillon avec le nom du cheval, la date et l’heure du prélèvement. Cela facilite le suivi et l’interprétation.
Conserver l’échantillon
➡️ Conserver l’échantillon au réfrigérateur (4 °C) s’il n’est pas analysé dans les 12 heures.
➡️ L’analyse doit idéalement être réalisée dans les 48 heures suivant le prélèvement.
➡️ Ne jamais congeler, car cela détruit les œufs et fausse les résultats.
Faire analyser
➡️ L’analyse peut être effectuée par:
- Un laboratoire vétérinaire, souvent via votre vétérinaire habituel.
- Des kits d’analyse à domicile, avec prélèvement puis envoi postal à un laboratoire spécialisé.
- Certains vétérinaires ou cliniques équines qui proposent un service sur place, parfois avec résultats immédiats.
Lecture et interprétation
➡️ L’analyse repose sur des méthodes reconnues: La technique de flottation ou la méthode McMaster comme expliqué au début de l’article.
➡️ Les résultats sont classés selon les seuils suivants:
- < 200 EPG – faible charge, pas de traitement nécessaire (cheval excréteur faible).
- 200–500 EPG – charge modérée, à surveiller selon le contexte (âge, état, période).
- > 500 EPG – charge élevée, traitement recommandé.
Certains laboratoires identifient également le type d’œufs (strongles, ascaris, etc.), ce qui permet de mieux cibler le traitement. Une bonne interprétation des résultats doit toujours prendre en compte l’état général du cheval, son âge, son environnement, et ses antécédents parasitaires.
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Combien coûte une coproscopie?
Les tarifs peuvent varier en fonction du prestataire, de la méthode utilisée, et du type d’analyse demandée. Toutefois, la coproscopie reste globalement très abordable et représente un investissement judicieux par rapport au coût cumulé de vermifugations inutiles.
👉 Voici les prix approximatif pour les différents types de prestation:
- Analyse simple (qualitative) – 15 à 30€
- Méthode McMaster (quantitative) – 25 à 45€
- Kit d’analyse à domicile (avec envoi) – 25 à 40€
- Pack de suivi annuel (2 à 4 analyses) – 50 à 90€
💡 Bon à savoir:
- Certaines cliniques vétérinaires ou laboratoires proposent des tarifs dégressifs pour les éleveurs ou les groupes de chevaux.
- Le coût peut inclure, selon les cas, l’interprétation par un vétérinaire ou des conseils de vermifugation personnalisés.
- Des kits en ligne sont disponibles, souvent accompagnés d’un guide explicatif et d’une enveloppe retour prête à poster.
Au final, la coproscopie est souvent moins chère que de vermifuger systématiquement, tout en étant plus respectueuse de la santé du cheval et de l’environnement.
La coproscopie est un outil simple, économique et puissant pour mieux gérer la santé intestinale de votre cheval. Elle permet de traiter seulement quand c’est nécessaire, avec le bon produit, au bon moment. Intégrée dans une routine de suivi annuel, elle contribue à préserver la santé du cheval, limiter les résistances, et gérer les parasites de façon durable.
👉 En résumé: mieux vaut tester avant de traiter.