Parmi les nombreuses affections qui peuvent affecter les chevaux, la desmite est l’une des plus courantes, en particulier chez les chevaux de sport. La desmite est une inflammation d’un ligament, le plus souvent le ligament suspenseur du boulet, mais elle peut affecter d’autres ligaments importants des membres du cheval.
Elle peut sérieusement compromettre la capacité d’un cheval à travailler et même à se déplacer confortablement, mais avec les bonnes connaissances et une approche proactive, il est possible de minimiser les risques et de gérer cette condition de manière efficace si elle survient.
Cet article a pour objectif de vous fournir toutes les informations nécessaires pour reconnaître, traiter et prévenir cette affection, assurant ainsi une gestion optimale de la santé de votre cheval.
Comprendre la desmite
Pour bien comprendre la desmite, il est essentiel de connaître l’anatomie des ligaments du cheval et le rôle qu’ils jouent dans la locomotion.
Les ligaments sont des bandes de tissu conjonctif fibreux, très résistants, qui relient les os entre eux, stabilisant ainsi les articulations. Ils jouent un rôle clé dans la locomotion, en maintenant les articulations en place tout en permettant leur mouvement. Chez le cheval, plusieurs ligaments sont particulièrement critiques pour le bon fonctionnement des membres:
- Le ligament suspenseur du boulet – C’est l’un des ligaments les plus importants et les plus sollicités chez le cheval. Il se situe à l’arrière du membre, descendant de l’arrière du canon pour se diviser en deux branches qui s’attachent à l’os sésamoïde à l’arrière de l’articulation du boulet. Ce ligament agit comme un « suspenseur » de l’articulation du boulet, absorbant une grande partie du choc lors de l’impact au sol et aidant à prévenir l’hyperextension du boulet.
- Les ligaments collatéraux – Ces ligaments sont situés de chaque côté des articulations et jouent un rôle crucial dans la stabilisation des articulations du genou, du jarret et du boulet. Ils empêchent les mouvements latéraux excessifs qui pourraient compromettre la stabilité et causer des blessures.
- Le ligament accessoire – Ce ligament, également appelé ligament carpien ou tarse, est un petit ligament souvent impliqué dans les desmites des membres postérieurs. Il aide à soutenir le tendon fléchisseur profond, surtout lors de l’effort.
1. Qu’est-ce que la desmite chez le cheval?
La desmite est une inflammation d’un ligament. Lorsque ce tissu conjonctif est surmené, étiré au-delà de sa capacité normale ou blessé par un traumatisme direct, il devient enflammé, ce qui provoque douleur, gonflement et, souvent, boiterie. La desmite peut se manifester de différentes manières en fonction de sa localisation et de sa gravité.
La forme la plus courante de desmite chez les chevaux est celle du ligament suspenseur du boulet. Étant donné le rôle critique de ce ligament dans la stabilisation du boulet, une inflammation peut entraîner une boiterie significative et compromettre la capacité du cheval à effectuer des mouvements rapides ou des sauts.
L’inflammation associée à la desmite provoque un épaississement du ligament et une accumulation de liquide inflammatoire, ce qui entraîne un gonflement visible dans la zone affectée. La douleur résulte de la pression exercée par l’inflammation sur les nerfs environnants et de la sensibilité accrue du ligament lui-même.
2. Les causes et facteurs de risque
Les principales causes de la desmite chez le cheval incluent la surcharge mécanique, les traumatismes, ainsi que des facteurs liés à la gestion et à l’environnement du cheval.
Surcharge mécanique
La surcharge mécanique est probablement la cause la plus fréquente de desmite chez le cheval. Cette surcharge se produit lorsque les ligaments sont soumis à des efforts qui dépassent leur capacité normale, ce qui peut entraîner une inflammation, voire des déchirures.
Les chevaux qui pratiquent des disciplines exigeantes comme le saut d’obstacles, le dressage ou la course sont particulièrement exposés. Lorsqu’un cheval saute régulièrement, par exemple, le ligament suspenseur du boulet doit supporter des forces considérables à chaque réception. Si l’entraînement est trop intense ou ne permet pas suffisamment de récupération entre les séances, le ligament ne parvient pas à récupérer correctement, ce qui peut conduire à une blessure.
En outre, la conformation d’un cheval, c’est-à-dire sa structure physique et ses aplombs, joue un rôle clé dans la répartition des forces sur ses ligaments. Un cheval avec des aplombs défectueux, comme des pieds tournés vers l’intérieur (cagneux) ou l’extérieur (panard), mettra une pression inégale sur ses ligaments. Cette mauvaise répartition des forces peut provoquer une surcharge sur certains ligaments, les rendant plus vulnérables à l’inflammation.
Même les chevaux avec une bonne conformation peuvent être victimes de surmenage. Si un cheval est sollicité au-delà de ses capacités physiques, notamment par des séances d’entraînement trop longues ou trop intenses, ses ligaments peuvent s’affaiblir et devenir plus susceptibles de développer une desmite.
Traumatismes et blessures
Les traumatismes directs sont une autre cause importante de blessures. Contrairement à la surcharge mécanique, qui se développe généralement au fil du temps, les traumatismes peuvent provoquer une desmite de manière soudaine.
Un coup direct sur le membre du cheval, que ce soit lors d’une chute, d’une collision avec un obstacle, ou même d’un coup de pied d’un autre cheval, peut provoquer une desmite. Ces traumatismes peuvent entraîner des déchirures partielles ou complètes du ligament, qui se traduisent par une douleur immédiate et une boiterie.
Un effort soudain et intense, comme un départ rapide ou un mauvais saut, peut provoquer une tension extrême sur un ligament. Si le ligament est déjà affaibli ou si l’effort est particulièrement violent, cela peut entraîner une desmite instantanée.
Facteurs de gestion et d’environnement
Le ferrage du cheval joue un rôle crucial dans la répartition des forces sur ses membres. Un mauvais ferrage, par exemple des talons trop hauts ou trop bas, peut déséquilibrer le membre et exercer une pression excessive sur certains ligaments. Un cheval mal ferré est donc plus à risque de développer une desmite, même si l’entraînement est bien géré.
Le type de surface sur laquelle un cheval travaille peut avoir un impact significatif sur ses ligaments. Les surfaces trop dures, comme les sols en béton ou en macadam, augmentent l’impact à chaque foulée, ce qui peut fatiguer les ligaments. À l’inverse, des surfaces trop molles, comme du sable profond, nécessitent un effort musculaire supplémentaire pour chaque mouvement, ce qui peut également surcharger les ligaments. Des terrains irréguliers ou mal entretenus peuvent aussi provoquer des faux pas ou des glissades, augmentant le risque de blessures.
De plus, passer soudainement d’un entraînement léger à un entraînement intensif sans période d’adaptation peut surprendre les ligaments du cheval, les rendant plus vulnérables à l’inflammation. De même, introduire de nouveaux exercices ou disciplines sans une préparation adéquate peut provoquer des desmites, surtout si le cheval n’est pas habitué aux types de mouvements requis.
3. Signes cliniques
Les symptômes de la desmite peuvent varier en fonction de la gravité de l’inflammation et de l’emplacement du ligament affecté. Cependant, certains signes cliniques sont fréquemment observés et doivent alerter le propriétaire ou le soigneur.
- Boiterie – La boiterie est souvent le premier signe visible de la desmite. Elle peut être légère, se manifestant seulement lors d’un exercice intense, ou plus sévère, visible même au repos ou au pas. La boiterie peut également varier en fonction de la surface sur laquelle le cheval se déplace, étant plus marquée sur des terrains durs ou irréguliers.
- Gonflement – Un gonflement peut apparaître autour du ligament affecté, notamment au niveau du canon ou du boulet pour une desmite du ligament suspenseur. Ce gonflement est généralement accompagné de chaleur, indiquant une inflammation active. Le gonflement peut être localisé ou plus diffus, selon l’étendue de l’inflammation.
- Douleur à la palpation – La région où se trouve le ligament enflammé sera souvent sensible au toucher. En palpant doucement le membre, vous pouvez détecter des zones de douleur. Le cheval peut réagir en retirant le membre, en montrant des signes de nervosité ou même en boitant davantage après la palpation.
- Raideur ou réticence à bouger – Un cheval atteint de desmite peut montrer une raideur dans ses mouvements, surtout après une période de repos. Il peut également être réticent à effectuer certains exercices, ou même à trotter ou galoper. Cette raideur peut être plus prononcée le matin, après une nuit de repos, ou après une séance d’entraînement intense.
La desmite peut se manifester de différentes manières en fonction de la gravité de l’inflammation et du ligament affecté. Par exemple, une desmite légère du ligament suspenseur du boulet peut provoquer une boiterie subtile, uniquement visible lors d’un exercice intense ou sur un terrain dur. En revanche, une desmite sévère, surtout si elle implique une déchirure partielle ou totale du ligament, provoquera une boiterie marquée et une douleur intense, même au repos.
De plus, la localisation de la desmite peut influencer les symptômes. Une desmite des ligaments collatéraux, par exemple, peut entraîner une boiterie qui est plus prononcée dans les virages ou lors des changements de direction, car ces ligaments stabilisent latéralement l’articulation.
Comment soigner la dermite chez le cheval?
Le traitement d’une desmite chez le cheval dépend de la gravité de la lésion, de l’emplacement du ligament affecté et de la rapidité avec laquelle la condition est diagnostiquée.
1. Diagnostic de la desmite
Lorsque des symptômes de desmite sont suspectés, il est essentiel de consulter un vétérinaire pour un diagnostic précis.
Le vétérinaire commencera par un examen clinique approfondi du cheval. Il observera le cheval en mouvement, à la fois au pas et au trot, pour évaluer la boiterie. L’examen inclura souvent des tests de flexion, qui consistent à maintenir l’articulation du cheval fléchie pendant une courte période, puis à observer la boiterie lors des premières foulées après la flexion. Si la boiterie s’aggrave après ce test, cela peut indiquer une douleur ligamentaire ou articulaire dans la région fléchie.
L’échographie est l’un des outils les plus utiles pour diagnostiquer la desmite. Elle permet de visualiser les tissus mous, comme les ligaments, et de détecter des signes d’inflammation, d’épaississement, ou de déchirures partielles du ligament. L’échographie est particulièrement utile pour évaluer l’état du ligament suspenseur du boulet et des autres ligaments profonds. Elle peut montrer des anomalies structurelles qui confirment le diagnostic de desmite.
Bien que les radiographies soient principalement utilisées pour visualiser les os, elles peuvent également être utiles pour exclure d’autres causes de boiterie, comme des fractures ou des anomalies osseuses. Elles ne montrent pas directement les ligaments, mais elles peuvent révéler des changements osseux secondaires à des lésions ligamentaires.
A lire aussi – Qu’est-ce que la PSSM?
2. Traitement de la desmite
Le traitement de la desmite chez le cheval nécessite une approche multifactorielle, combinant repos, interventions médicales et thérapies physiques. L’objectif principal est de réduire l’inflammation, favoriser la guérison du ligament affecté et réhabiliter le cheval pour qu’il puisse reprendre une activité normale, voire compétitive, sans risque de récidive.
Repos et gestion de l’activité
Le repos est la pierre angulaire du traitement de la desmite. La première étape, dès qu’une desmite est diagnostiquée, consiste à mettre le cheval au repos pour éviter d’aggraver la lésion.
Pour les cas les plus graves, notamment en présence de déchirures importantes ou d’une inflammation sévère, un repos strict en boxe est indispensable. Cette période de repos peut durer de quelques semaines à plusieurs mois, en fonction de la gravité de la lésion et de la réponse au traitement.
Traitements médicamenteux
Des médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens comme la phénylbutazone ou le flunixine sont souvent prescrits pour réduire l’inflammation et soulager la douleur. Ces médicaments sont généralement administrés pendant les premières phases du traitement pour aider à gérer les symptômes aigus.
Dans certains cas, des injections de corticostéroïdes peuvent être administrées directement dans ou autour du ligament affecté pour réduire l’inflammation locale. Ces injections peuvent offrir un soulagement rapide et sont souvent utilisées lorsque l’inflammation est particulièrement sévère ou résistante aux traitements oraux. Toutefois, l’utilisation répétée de corticostéroïdes doit être limitée en raison du risque de fragiliser le ligament à long terme.
Thérapies complémentaires
En plus du repos et des traitements médicamenteux, diverses thérapies complémentaires peuvent être utilisées pour favoriser la guérison et améliorer les chances de récupération complète:
- Cryothérapie ou thérapie par le froid – L’application de glace ou de dispositifs de refroidissement sur la zone affectée est une technique couramment utilisée pour réduire l’inflammation dans les premières phases de la blessure. La cryothérapie aide à limiter l’inflammation aiguë, à réduire la douleur et à prévenir l’accumulation excessive de liquide dans les tissus environnants.
- Bandages compressifs – Les bandages compressifs sont souvent utilisés pour contrôler le gonflement et soutenir le ligament pendant la phase de guérison. Ils aident à maintenir la stabilité de l’articulation et peuvent être particulièrement utiles pendant la phase de repos strict.
- Thérapie par ondes de choc extracorporelles – Cette technique utilise des ondes de choc pour stimuler la cicatrisation des tissus et réduire la douleur. Les ondes de choc provoquent une micro traumatisation contrôlée qui stimule la réponse de guérison du corps, augmentant la circulation sanguine locale et favorisant la régénération des tissus ligamentaires.
- Injections de cellules souches – Les cellules souches sont une autre option thérapeutique avancée, utilisée pour traiter les desmites chroniques ou récalcitrantes. Ces cellules ont la capacité de se transformer en différents types de cellules, y compris des cellules ligamentaires, favorisant ainsi la régénération du tissu ligamentaire. Les cellules souches peuvent être prélevées soit sur le cheval lui-même soit sur un donneur, et sont injectées directement dans la zone affectée pour favoriser la guérison.
3. Réhabilitation et prévention
Une fois que le traitement initial a réussi à réduire l’inflammation et à soulager la douleur, la réhabilitation du cheval devient une priorité. Un programme de réhabilitation bien conçu est crucial pour éviter les récidives de la desmite.
Au fur et à mesure que la guérison progresse, une reprise progressive de l’exercice peut être envisagée. Cela commence généralement par de la marche en main sur un terrain plat et stable. Puis, des exercices spécifiques pour renforcer les muscles qui soutiennent les ligaments sont introduits. Un bon tonus musculaire aide à protéger les ligaments de futures blessures. Le retour à l’exercice complet doit être progressif et bien encadré, et il est essentiel d’éviter de pousser le cheval trop rapidement, car cela pourrait entraîner une récidive de la desmite.
En fonction des causes identifiées de la desmite, il peut être nécessaire d’adapter les conditions d’entraînement, comme le choix des surfaces de travail, l’intensité des exercices ou la fréquence des séances d’entraînement.
Prévenir la desmite chez le cheval
La prévention est toujours préférable au traitement, surtout lorsqu’il s’agit de desmites chez le cheval. Un entraînement bien structuré et adapté est l’un des aspects les plus importants pour prévenir les blessures.
En outre, le ferrage et l’entretien des pieds jouent un rôle crucial dans la prévention des desmites:
- Un ferrage régulier, adapté à la conformation et à l’activité du cheval, est essentiel. Un maréchal-ferrant compétent doit évaluer régulièrement les pieds du cheval pour s’assurer que le ferrage est équilibré et que les sabots sont bien entretenus.
- Si le cheval a une conformation particulière ou un problème d’aplomb, le ferrage doit être adapté pour corriger ou compenser ces anomalies. Un ferrage correct permet de répartir uniformément les forces sur le pied, réduisant le risque de blessure.
- Assurez-vous que les sabots sont toujours bien parés et en bonne santé. Des sabots négligés, avec des fissures ou des déséquilibres, peuvent affecter la démarche du cheval et entraîner une surcharge des ligaments.
La surface sur laquelle un cheval travaille a un impact direct sur ses ligaments. C’est pourquoi il est important de travailler sur des surfaces bien entretenues et adaptées à l’activité du cheval. Le travail sur des surfaces variées, telles que l’herbe, le sable et la terre, aide à adapter les ligaments à différents types de contraintes, réduisant ainsi le risque de desmite.
En étant proactif et en adoptant des pratiques rigoureuses, vous pouvez protéger la santé de votre cheval et minimiser le risque de blessures. Ces mesures préventives permettent non seulement de préserver la performance du cheval, mais aussi d’assurer son bien-être à long terme.