ration cheval
  • Dernière modification de la publication :21 octobre 2025
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L’alimentation est le pilier de la santé, de la performance et du bien-être de votre cheval. Une ration bien pensée influence directement son état physique, son moral, sa longévité et ses capacités sportives. Pourtant, établir une ration équilibrée n’est pas toujours évident face à la diversité des besoins et des aliments disponibles.

Dans ce guide, nous vous expliquons tout ce qu’il faut savoir sur la ration du cheval: des besoins nutritionnels fondamentaux aux erreurs à éviter, en passant par les méthodes de calcul et les types d’aliments adaptés.

Les besoins nutritionnels fondamentaux du cheval

Avant de composer une ration, il est essentiel de comprendre les besoins de base de votre équidé. Ces besoins varient selon plusieurs facteurs, mais certains éléments restent universels.

L’Eau: L’élément vital

L’eau est le nutriment le plus important pour le cheval. Un équidé adulte consomme en moyenne entre 20 et 60 litres d’eau par jour, selon son poids, son activité physique et la température ambiante. En période de chaleur ou lors d’efforts intenses, cette consommation peut augmenter considérablement.

Votre cheval doit avoir un accès permanent à une eau propre et fraîche. Une déshydratation, même légère, peut entraîner des coliques, une baisse de performance et des problèmes rénaux. Vérifiez quotidiennement que les abreuvoirs sont propres et fonctionnels.

Les Fourrages: La base de la ration

Les fourrages constituent le socle de l’alimentation équine. Le système digestif du cheval est conçu pour ingérer et digérer de grandes quantités de fibres tout au long de la journée.

👉 Le foin représente généralement 60 à 100% de la ration d’un cheval au repos. La quantité recommandée se situe entre 1,5 et 2,5% du poids corporel par jour, soit environ 7,5 à 12,5 kg pour un cheval de 500 kg. La qualité du foin est primordiale: il doit être exempt de poussière, de moisissures et présenter une couleur verte et une odeur agréable.

👉 Le pâturage offre une source naturelle de nutriments, mais nécessite une gestion attentive. L’herbe jeune au printemps est riche en sucres et peut provoquer des fourbures chez les chevaux sensibles. À l’inverse, un pâturage pauvre ne suffira pas à couvrir les besoins énergétiques d’un cheval actif.

Les fibres contenues dans les fourrages sont essentielles au bon fonctionnement du système digestif et préviennent les troubles comme les coliques ou les ulcères gastriques.

Les Concentrés: Énergie et protéines

Les concentrés (céréales, granulés, floconnés) apportent un complément énergétique et protéique lorsque les fourrages seuls ne suffisent pas. Ils sont particulièrement utiles pour les chevaux de sport, les juments en lactation, les poulains en croissance ou les chevaux en état d’entretien insuffisant.

👉 Les céréales comme l’avoine, l’orge ou le maïs fournissent de l’énergie sous forme de glucides. L’avoine est traditionnellement appréciée pour sa digestibilité, tandis que l’orge et le maïs sont plus énergétiques mais doivent être aplatis ou floconnés pour être correctement assimilés.

👉 Les granulés et floconnés industriels offrent une composition équilibrée en protéines, glucides et lipides, avec souvent un enrichissement en vitamines et minéraux. Ils facilitent la gestion de la ration et limitent les risques de déséquilibre.

👉 Les lipides (huiles végétales, graines de lin) constituent une source d’énergie dense et intéressante pour les chevaux de sport ou les chevaux devant prendre du poids sans augmenter le volume de la ration.

Les Minéraux et Oligo-éléments: Les essentiels cachés

Les minéraux jouent un rôle crucial dans de nombreuses fonctions physiologiques: solidité osseuse, contraction musculaire, transmission nerveuse, équilibre hydrique.

👉 Les macro-éléments incluent le calcium, le phosphore, le sodium, le potassium et le magnésium. Le rapport calcium/phosphore doit être particulièrement surveillé (idéalement entre 1,5:1 et 2:1) pour éviter les problèmes osseux.

👉 Les oligo-éléments comme le sélénium, le zinc, le cuivre, le fer et l’iode sont nécessaires en quantités infimes mais sont indispensables. Une carence en sélénium, par exemple, peut provoquer des troubles musculaires graves.

Les fourrages et concentrés n’apportent pas toujours tous les minéraux en quantité suffisante. Un bloc de sel minéralisé ou un complément minéral-vitaminé peut être nécessaire, surtout si le foin est pauvre ou si le cheval ne sort pas au pré.

Les Vitamines: Les régulateurs

Les vitamines sont indispensables au bon fonctionnement de l’organisme. Les chevaux au pré fabriquent naturellement la vitamine D grâce à l’exposition au soleil. L’herbe fraîche est riche en vitamine A et les bactéries du caecum produisent les vitamines du groupe B et la vitamine K.

Cependant, les chevaux vivant principalement au box ou nourris au foin sec peuvent présenter des carences. La vitamine E est particulièrement importante pour les chevaux de sport et doit souvent être supplémentée, notamment en hiver.

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Comment établir et calculer une ration équilibrée?

Composer une ration adaptée nécessite de prendre en compte plusieurs paramètres individuels.

Les facteurs à prendre en compte

Chaque cheval a des besoins nutritionnels spécifiques influencés par:

➡️ L’âge: un poulain en croissance a besoin de davantage de protéines et de calcium qu’un adulte. Un cheval senior peut nécessiter des aliments plus digestes.

➡️ Le poids et l’état corporel: un cheval maigre nécessite un apport énergétique supérieur, tandis qu’un cheval en surpoids devra voir sa ration contrôlée.

➡️ Le niveau d’activité: un cheval de compétition dépense beaucoup plus d’énergie qu’un cheval de loisir ou au repos.

➡️ La race: certaines races rustiques (poneys, chevaux de trait) sont plus économes et risquent l’embonpoint, tandis que d’autres races (pur-sang, trotteurs) ont des besoins énergétiques plus élevés.

➡️ L’environnement: la température extérieure, le type de stabulation (box ou pré) et l’accès au pâturage modifient les besoins énergétiques.

Les différentes méthodes de calcul

L’approche simplifiée consiste à respecter quelques règles de base: distribuer au minimum 1,5% du poids corporel en fourrage, fractionner les repas de concentrés en plusieurs distributions quotidiennes, et ajuster progressivement selon l’observation de l’état corporel.

Les tables nutritionnelles permettent un calcul plus précis des besoins énergétiques (en UFC – Unité Fourragère Cheval) et protéiques (en MADC – Matières Azotées Digestibles Cheval). Ces tables prennent en compte le poids, l’activité et l’état physiologique du cheval.

Pour une évaluation vraiment personnalisée et professionnelle, l’avis d’un nutritionniste équin est précieux. Un bilan nutritionnel équin vous permet d’obtenir une analyse complète de l’alimentation de vos chevaux, avec des recommandations adaptées à leurs besoins spécifiques et à vos contraintes.

Exemple de ration type

Voici un exemple de ration pour un cheval de 500 kg, activité modérée (loisir léger, 3-4 sorties par semaine):

  • Foin de prairie: 9 à 10 kg par jour (répartis en 2 à 3 distributions)
  • Granulés sport loisir: 1,5 à 2 kg par jour (répartis en 2 repas)
  • Pierre à sel: en libre-service
  • Eau: à volonté (environ 30 à 40 litres par jour)

👉 Cette ration doit être ajustée en observant régulièrement l’état corporel, le niveau d’énergie et l’appétit du cheval. Tout changement doit être progressif pour éviter les troubles digestifs.

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Types d’Aliments et Compléments pour Chevaux

Aliments industriels

➡️ Les granulés sont pratiques, équilibrés et permettent un dosage précis. Ils existent en différentes formulations selon l’âge et l’activité du cheval.

➡️ Les floconnés sont des céréales cuites à la vapeur puis aplaties. Ce procédé améliore leur digestibilité et réduit les risques de coliques.

➡️ Le mash est un aliment complet réhydraté, idéal après un effort intense ou pour les chevaux convalescents. Il favorise la réhydratation et facilite la digestion.

Les aliments industriels présentent l’avantage d’être formulés pour répondre aux besoins nutritionnels. Leur inconvénient principal est le coût et parfois une moindre appétence selon les chevaux.

Aliments traditionnels

➡️ L’avoine reste la céréale la plus utilisée pour les chevaux. Elle est très digeste et stimule l’appétit, mais peut rendre certains chevaux excités.

➡️ L’orge est plus énergétique que l’avoine mais doit être aplatie ou cuite pour être bien digérée.

➡️ Le maïs est très énergétique mais pauvre en protéines. Il doit être floconné et distribué avec modération.

Ces céréales doivent toujours être complétées par un apport minéral-vitaminé, car elles ne couvrent pas tous les besoins.

Les compléments alimentaires

➡️ De nombreux compléments existent sur le marché: pour les articulations (glucosamine, chondroïtine), les sabots (biotine, méthionine), la digestion (probiotiques, levures), le pelage (huiles, oméga-3) ou encore la gestion du stress (magnésium, plantes calmantes).

Ces compléments sont utiles dans des situations spécifiques, mais ne doivent jamais remplacer une ration de base équilibrée. Avant de multiplier les suppléments, assurez-vous que les besoins fondamentaux sont couverts par l’alimentation de base.

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Erreurs courantes et dangers dans l’alimentation du cheval

Changer la ration trop brutalement

Le système digestif du cheval est sensible aux changements brusques. Tout nouvel aliment doit être introduit progressivement sur 7 à 10 jours minimum pour permettre à la flore intestinale de s’adapter. Un changement brutal peut provoquer des coliques ou des diarrhées.

Suralimentation ou sous-alimentation

Un excès de concentrés augmente les risques de fourbure, de coliques et d’embonpoint. À l’inverse, une alimentation insuffisante entraîne une perte de poids, une baisse d’énergie et peut affaiblir le système immunitaire.

👉 L’observation régulière de l’état corporel (échelle de notation de 0 à 5) permet d’ajuster la ration en conséquence.

Aliments toxiques ou dangereux

Certains aliments sont dangereux voire mortels pour les chevaux:

❌ L’herbe coupée fermente très rapidement et provoque des coliques de fermentation.
❌ Le foin moisi ou poussiéreux peut causer des problèmes respiratoires et des coliques.
❌ Certaines plantes comme l’if, la fougère aigle, le laurier-rose ou le séneçon de Jacob sont hautement toxiques.
❌ Les céréales moisies contiennent des mycotoxines dangereuses.

Inspectez toujours vos fourrages et stockez-les dans un endroit sec et aéré.

Mauvaise qualité du foin

Un foin de mauvaise qualité (poussiéreux, moisi, mal séché) est la principale cause de problèmes respiratoires chroniques chez le cheval. Privilégiez toujours un foin de bonne qualité, même si cela représente un coût supplémentaire: c’est un investissement pour la santé de votre cheval.


La ration du cheval est un équilibre subtil entre besoins nutritionnels, qualité des aliments et observation quotidienne. Une alimentation bien pensée est la clé d’un cheval en bonne santé, performant et heureux. N’oubliez pas que chaque équidé est unique et que ses besoins évoluent au fil du temps.

L’observation reste votre meilleur outil: surveillez l’état corporel, l’énergie, la qualité du crin et du poil, les crottins et le comportement de votre cheval. Ces indicateurs vous renseignent sur l’adéquation de sa ration.

En cas de doute ou pour optimiser l’alimentation de votre écurie, n’hésitez pas à consulter un professionnel de la nutrition équine. Un accompagnement personnalisé vous permettra d’assurer à vos chevaux une alimentation véritablement adaptée à leurs besoins spécifiques, pour leur offrir une vie longue, saine et épanouie.