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Le séneçon, une plante herbacée commune en France, est hautement toxique pour les chevaux. Contenant des alcaloïdes pyrrolizidiniques, cette plante peut causer de graves dommages au foie, entraînant une insuffisance hépatique irréversible.

Les chevaux peuvent s’intoxiquer en broutant dans des pâturages infestés ou en consommant du foin contaminé. De plus, le séchage de la plante diminue son amertume, ce qui la rend plus appétente pour les chevaux et augmente le risque d’ingestion.

Cet article fournit des informations essentielles pour identifier le séneçon, comprendre les risques d’intoxication et adopter des mesures préventives efficaces.

Le séneçon: Une plante toxique pour le cheval

Le séneçon, également connu sous le nom scientifique de Senecio, est une plante toxique pour les chevaux. En France, plusieurs espèces sont courantes, et certaines d’entre elles sont particulièrement préoccupantes en raison de leur toxicité.

1. Les espèces de séneçon

Il existe plusieurs espèces de séneçons en France, les plus communes étant le séneçon commun, le séneçon de Jacob et le séneçon du Cap.

Le séneçon commun (Senecio vulgaris) est une plante annuelle largement répandue dans les jardins, les milieux pauvres et le long des routes et chemins.

  • Cette plante mesure généralement entre 15 et 40 cm de hauteur. Elle possède des tiges ramifiées dès la base, ce qui lui donne une apparence touffue. Les feuilles sont profondément découpées, de couleur vert foncé.
  • Les fleurs du séneçon commun sont jaunes et tubulées, regroupées en capitules. L’involucre est souvent taché de noir, ce qui aide à l’identifier.
  • On le trouve souvent dans les zones perturbées telles que les jardins, les terrains vagues, et le bord des chemins.
  • Cette espèce fleurit toute l’année, ce qui la rend facile à identifier en toute saison.
séneçon commun

Le séneçon de Jacob (Jacobaea vulgaris), aussi connu sous le nom de séneçon jacobée, est une plante bisannuelle, mais certains pieds peuvent persister au-delà de deux ans, devenant ainsi vivaces.

  • Le séneçon de Jacob peut atteindre une hauteur de 50 à 120 cm. Ses tiges sont dressées et ramifiées au sommet, formant une structure en éventail. Les feuilles sont alternes et profondément lobées.
  • Les capitules de fleurs jaunes sont bordés de ligules et regroupés en corymbes au sommet des tiges fleuries. Chaque capitule mesure entre 15 et 25 mm de diamètre.
  • Cette plante est courante dans les prairies, les jachères, les champs cultivés, les talus et les lisières de bois.
  • Elle fleurit de mai à septembre, offrant une longue période pour son identification et son contrôle.
séneçon de Jacob

Originaire d’Afrique du Sud, le séneçon du Cap (Senecio inaequidens) est une espèce invasive en Europe, y compris en France.

  • Cette plante vivace a une forme buissonnante, avec de nombreuses tiges très ramifiées. Les tiges sont couchées à la base et se redressent par la suite, devenant parfois légèrement ligneuses. Elle mesure généralement entre 40 et 80 cm, mais peut atteindre jusqu’à 110 cm dans de bonnes conditions.
  • Les fleurs jaunes, similaires à celles des autres séneçons, sont également regroupées en capitules de 15 à 25 mm de diamètre. Les ligules sont présentes à l’extrémité de chaque tige.
  • On trouve cette plante le long des axes de communication, sur les talus, dans les zones abandonnées et le long des côtes.
  • Le séneçon du Cap fleurit de juin à décembre, ce qui prolonge la saison de risque pour les chevaux.
séneçon du Cap

2. Le danger pour le cheval

Toutes les espèces de séneçon sont potentiellement toxiques pour les chevaux. La toxicité varie en fonction des espèces, de la quantité ingérée et de la durée d’exposition, mais toutes les espèces de séneçon contiennent des alcaloïdes pyrrolizidiniques (AP), qui sont les principaux responsables de leur toxicité.

Ces composés toxiques causent des dommages au foie, qui peuvent être irréversibles. Ils s’accumulent dans l’organisme et les symptômes d’intoxication peuvent apparaître longtemps après l’ingestion initiale.

La consommation continue ou répétée de séneçon peut conduire à une insuffisance hépatique chronique, une condition souvent irréversible.

Risques d’intoxications

Consommation dans les pâturages – Les chevaux peuvent s’intoxiquer au séneçon lorsqu’ils broutent dans les pâturages, surtout pendant certaines conditions environnementales et comportements alimentaires.

En période de pénurie d’herbe, comme lors d’étés secs ou de surpâturage, les chevaux peuvent être amenés à consommer des plantes qu’ils éviteraient normalement. Lorsque l’herbe vient à manquer, les chevaux, en quête de nourriture, peuvent se tourner vers des plantes toxiques. La consommation de ces plantes est souvent un signe que les ressources alimentaires naturelles sont insuffisantes.

Séneçon dans le fourrage – Le séneçon peut contaminer le foin, surtout si celui-ci est récolté dans des champs infestés par cette plante toxique. Le processus de séchage du foin réduit l’amertume naturelle, rendant la plante plus appétente pour les chevaux. En conséquence, ils peuvent consommer du séneçon séché dans le foin sans en percevoir l’amertume, augmentant ainsi le risque d’intoxication.

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Comment savoir si un cheval a été intoxiqué au séneçon?

Diagnostiquer une intoxication au séneçon chez un cheval peut être complexe, car les symptômes peuvent être similaires à ceux d’autres maladies du foie. Cependant, il existe des signes cliniques et des tests diagnostiques spécifiques qui peuvent aider à déterminer si un cheval a été intoxiqué.

1. Signes cliniques d’une intoxication au séneçon

Les signes cliniques d’une intoxication au séneçon chez les chevaux peuvent varier en fonction de la quantité de plante ingérée et de la durée d’exposition. Cependant, certains symptômes sont caractéristiques et doivent alerter immédiatement le propriétaire ou le soigneur du cheval.

Symptômes précoces

  • Perte d’appétit – Un des premiers signes d’intoxication est la perte d’appétit. Le cheval montre un désintérêt marqué pour la nourriture qu’il consomme habituellement avec enthousiasme. Cette anorexie peut être intermittente ou persistante et doit être surveillée de près.
  • Léthargie – La léthargie, ou la baisse d’énergie et d’activité, est un autre symptôme précoce. Le cheval peut sembler fatigué, moins alerte, et avoir tendance à se coucher plus fréquemment. Cette fatigue est due à l’impact des toxines sur le foie, qui joue un rôle crucial dans le métabolisme énergétique.
  • Perte de poids – La perte d’appétit combinée à la léthargie entraîne souvent une perte de poids progressive. Le cheval peut devenir visiblement plus mince, avec une réduction notable de la masse musculaire et des réserves de graisse corporelle.

Symptômes avancés

  • Jaunisse (ictère) – Un des signes les plus caractéristiques d’une atteinte hépatique est la jaunisse, ou ictère. Ce phénomène se manifeste par le jaunissement des muqueuses, comme les yeux (sclères) et les gencives. La jaunisse est causée par l’accumulation de bilirubine, un pigment produit par la dégradation des globules rouges, que le foie malade ne peut plus éliminer correctement.
  • Coliques – Les coliques, ou douleurs abdominales, sont fréquentes chez les chevaux intoxiqués au séneçon. Ces douleurs peuvent varier en intensité et se manifester par des signes tels que le grattage du sol, le fait de se rouler, de regarder son flanc, ou de se coucher et se relever fréquemment.
  • Troubles neurologiques – À mesure que l’insuffisance hépatique progresse, des toxines peuvent s’accumuler dans le sang et atteindre le cerveau, causant des troubles neurologiques. Ces troubles peuvent inclure des tremblements, une démarche vacillante, des difficultés de coordination, et une tête penchée. Dans les cas graves, le cheval peut montrer des signes de dépression sévère, de confusion et d’autres anomalies comportementales.

2. Difficultés de diagnostic

Les symptômes d’intoxication au séneçon peuvent être similaires à ceux d’autres maladies du foie, ce qui complique le diagnostic. Par exemple, des infections hépatiques, des parasites ou des troubles métaboliques peuvent présenter des signes cliniques semblables.

Pour confirmer une intoxication, des tests diagnostiques spécifiques sont souvent nécessaires. Ceux-ci peuvent inclure des analyses de sang pour mesurer les niveaux d’enzymes hépatiques et de bilirubine, des biopsies hépatiques pour examiner les dommages cellulaires, et des échographies pour visualiser les anomalies du foie.

Le pronostic pour les chevaux atteints d’insuffisance hépatique causée par le séneçon est souvent réservé à mauvais, car les dommages au foie peuvent être irréversibles.

séneçon chevaux

Que faire en cas d’intoxication au séneçon?

Le traitement de l’intoxication au séneçon chez les chevaux nécessite une approche multidisciplinaire incluant des soins de soutien, un traitement symptomatique et une gestion environnementale rigoureuse. La détection précoce et l’intervention rapide sont essentielles pour maximiser les chances de récupération du cheval.

1. Traitement de l’intoxication

Le traitement de l’intoxication au séneçon chez les chevaux est une tâche complexe qui nécessite des soins vétérinaires intensifs et une gestion attentive. Voici les principales étapes et interventions nécessaires pour traiter cette condition.

Retrait de l’exposition

La première étape cruciale est de retirer immédiatement le cheval des zones où le séneçon est présent. Cela empêche toute ingestion supplémentaire de la plante toxique.

Il est essentiel de vérifier que le foin et les autres aliments donnés au cheval ne contiennent pas de séneçon. Si le foin est suspecté d’être contaminé, il doit être remplacé par une source sûre et non contaminée.

Soins de soutien

L’administration de fluides intraveineux (IV) est essentielle pour maintenir l’hydratation et soutenir la fonction rénale du cheval. Les fluides IV aident également à éliminer les toxines du corps en augmentant le débit urinaire.

Un traitement palliatif et des suppléments nutritionnels peuvent être nécessaires pour soutenir la fonction hépatique et aider le cheval à récupérer. Cela inclut souvent des vitamines et des minéraux, ainsi que des suppléments spécifiques pour le soutien du foie.

Le cheval doit également rester au repos pendant toute la durée du traitement et éviter le stress.

Surveillance continue et soins à long terme

Il est crucial de surveiller régulièrement les paramètres hépatiques du cheval à travers des analyses de sang. Cela permet de suivre la progression de la récupération et de détecter toute détérioration rapide de l’état du cheval.

Les propriétaires et les soigneurs doivent surveiller attentivement tout signe de détérioration, comme une reprise de la léthargie, de la perte d’appétit ou des troubles neurologiques. Toute aggravation des symptômes doit être signalée immédiatement à un vétérinaire.

2. Prévention des intoxications

La prévention des intoxications au séneçon est essentielle pour assurer la santé et le bien-être des chevaux. Elle repose sur une gestion attentive des pâturages, une vérification rigoureuse des aliments et une sensibilisation des propriétaires de chevaux.

Gestion des pâturages

L’élimination du séneçon des pâturages est la première étape cruciale pour prévenir les intoxications.

  • Le désherbage manuel consiste à arracher les plants de séneçon à la main ou avec des outils de jardinage. Il est important de retirer toute la plante, y compris les racines, pour éviter qu’elle ne repousse.
  • Lorsque le désherbage manuel n’est pas pratique, des herbicides spécifiques peuvent être utilisés pour éliminer les plantes. Il est recommandé de consulter un spécialiste en gestion des pâturages pour choisir les produits les plus efficaces et les plus sûrs pour l’environnement et les chevaux.

En outre, maintenir des pâturages sains et bien gérés est essentiel pour prévenir la prolifération du séneçon. Par exemple, la rotation des chevaux entre différents pâturages permet à la végétation de se régénérer et réduit la pression sur les plantes comestibles, limitant ainsi la prolifération des plantes toxiques.

Contrôle de l’alimentation

La qualité du foin et des aliments doit être rigoureusement contrôlée pour éviter la contamination par des plantes toxiques.

  • Acheter du foin et des aliments auprès de fournisseurs réputés qui garantissent l’absence de plantes toxiques dans leurs produits.
  • Examiner régulièrement le foin pour détecter la présence de séneçon séché. Bien que cela puisse être difficile, il est important d’être vigilant et d’éliminer tout foin suspect.

Éducation et sensibilisation des propriétaires

Enfin, informer et former les propriétaires et les soigneurs de chevaux sur l’identification du séneçon et les dangers qu’il représente est crucial.

Il est également important d’effectuer des inspections régulières des pâturages et des aires de repos pour détecter et éliminer toute présence de séneçon, en étant particulièrement vigilant pendant les périodes de risque élevé, comme la fin de l’été et l’automne, lorsque la plante est en fleur et en fructification.

Les cavaliers et soigneurs doivent également être attentifs à ne pas laisser leurs chevaux manger n’importe quelles plantes lorsqu’ils sont de sortie. Par exemple, lors d’une promenade ou d’un événement à l’extérieur.


La vigilance et la prévention sont essentielles pour protéger les chevaux des dangers du séneçon. En reconnaissant les signes cliniques et en adoptant des pratiques de gestion adéquates, les propriétaires peuvent minimiser les risques d’intoxication et assurer la santé et le bien-être de leurs chevaux.