Un tic ou stéréotypie chez le cheval est un comportement répétitif, souvent sans but apparent, qui peut signaler un mal-être profond. Ces comportements, bien que parfois perçus comme des habitudes inoffensives, peuvent avoir des conséquences sur la santé physique et mentale des chevaux. Comprendre et traiter les tics est donc crucial pour tout propriétaire ou soigneur de chevaux.
Ils sont souvent le résultat d’une frustration, d’un stress chronique, ou d’un environnement inadapté et peuvent se manifester de différentes manières, comme le tic à l’appui, le tic de l’ours, ou encore le tic déambulatoire.
Cet article vise à fournir une compréhension approfondie des tics chez le cheval, en explorant leurs types, causes, conséquences et stratégies de prévention et de gestion.
Comprendre les tics du cheval
Les tics ou stéréotypies chez les chevaux sont des comportements répétitifs et invariants qui n’ont pas de but apparent et qui peuvent être observés de manière persistante. Ces comportements sont souvent des réponses à des situations de stress, d’ennui, ou de frustration. Ils sont similaires aux stéréotypies observées chez d’autres animaux et même chez les humains.
Reconnaître et comprendre ces comportements est crucial pour tout propriétaire de chevaux. Les stéréotypies sont souvent des signes d’un mal-être plus profond et nécessitent une attention particulière pour améliorer les conditions de vie et le bien-être général du cheval. En intervenant tôt et de manière appropriée, il est possible de prévenir l’aggravation d’un tic et de promouvoir une meilleure qualité de vie pour ces animaux sensibles.
1. Pourquoi le cheval a un tic?
Les tics chez les chevaux peuvent survenir pour diverses raisons. Ces comportements répétitifs sont souvent une réponse à des conditions de vie ou à des situations qui génèrent du stress, de l’ennui ou de la frustration. Voici quelques-unes des principales raisons pour lesquelles un cheval peut développer un tic.
La génétique combinée à un événement traumatisant
Il a été démontré que les chevaux ont une prédisposition génétique au développement de stéréotypies. Il semble que les chevaux avec du sang sont plus susceptibles de développer ces comportements, probablement en raison de leur tempérament nerveux. Cependant, la génétique n’est pas la seule cause. L’environnement dans lequel un cheval est maintenu et les expériences qu’il vit jouent un rôle crucial dans le déclenchement des tics.
En effet, un événement traumatisant est souvent à l’origine de ces comportements. Les stéréotypies apparaissent fréquemment tôt dans la vie du cheval, notamment après le sevrage ou le débourrage, car ces phases peuvent représenter des moments traumatisants lorsqu’elles impliquent plusieurs changements simultanés.
Facteurs environnementaux et sociaux
Les chevaux sont des animaux qui, à l’état sauvage, passent la majorité de leur journée à se déplacer et à brouter. Lorsqu’ils sont confinés dans un boxe pendant de longues périodes, ils n’ont pas la possibilité d’exercer leurs comportements naturels. Ce manque de mouvement et de liberté peut engendrer des stéréotypies.
En outre, un environnement monotone sans enrichissement peut être extrêmement ennuyeux pour un cheval. Les chevaux ont besoin de stimulation mentale pour rester en bonne santé mentale et physique.
Les chevaux sont des créatures sociales qui ont besoin d’interactions régulières avec leurs congénères pour maintenir leur bien-être mental. Des séparations fréquentes d’avec leurs compagnons d’écurie ou de pâturage peuvent être très stressantes pour les chevaux, menant à des comportements répétitifs et des tics.
Stress et frustration
Le stress peut provenir de nombreuses sources, telles que l’isolement social, les bruits forts, ou des changements fréquents dans l’environnement du cheval.
Les chevaux ont des besoins physiologiques et psychologiques spécifiques. Lorsque ces besoins ne sont pas satisfaits, cela peut conduire à des comportements de stéréotypie. Par exemple:
- Les chevaux qui doivent attendre longtemps entre les repas peuvent développer des tics en raison de la frustration.
- Les chevaux qui ne sont pas suffisamment exercés peuvent ressentir une frustration accrue, menant à des comportements répétitifs.
Alimentation inadaptée
Les chevaux sont des herbivores non-ruminants qui ont évolué pour brouter presque continuellement. Les régimes riches en grains et pauvres en fourrage ne fournissent pas le temps de mastication suffisant, ce qui peut mener à des tics oraux comme le tic à l’appui.
Les chevaux ont un système digestif conçu pour traiter de petites quantités de nourriture de manière continue tout au long de la journée. Les chevaux qui n’ont pas un accès constant au foin ou à l’herbe ou de longues périodes sans nourriture peuvent augmenter l’ennui et la frustration, menant à des tics.
2. Les différents tics du cheval
Les stéréotypies chez les chevaux se divisent principalement en deux catégories: les stéréotypies orales et les stéréotypies locomotrices. Chacune de ces catégories regroupe des comportements spécifiques.
Stéréotypies orales
Les stéréotypies orales sont des comportements répétitifs impliquant la bouche et la langue du cheval. Voici quelques exemples typiques:
- Tic à l’appui – Le cheval saisit un objet fixe, comme une porte de boxe ou une mangeoire, avec ses dents et tire en arrière tout en avalant de l’air. Ce comportement produit souvent un son caractéristique et peut être observé plusieurs fois par jour.
- Tic à l’air – Similaire au tic à l’appui, mais sans saisir d’objet fixe. Le cheval fait le même mouvement de contraction des muscles du cou et produit un son guttural.
- Léchage excessif – Le cheval lèche de manière répétitive des objets dans son environnement, tels que les murs, les portes, ou les mangeoires.
- Mordillage – Le cheval mord ou mâche des objets de manière répétitive, souvent sans intention de consommer ces objets.
Stéréotypies locomotrices
Les stéréotypies locomotrices sont des comportements répétitifs impliquant des mouvements corporels ou des déplacements. Voici quelques exemples courants:
- Tic de l’ours (ou balancement) – Le cheval se balance d’un antérieur sur l’autre en déplaçant sa tête et son corps de manière répétitive. Ce comportement est souvent observé lorsqu’un cheval est confiné dans un boxe.
- Tic déambulatoire – Le cheval marche de manière répétitive et souvent circulaire dans son boxe. Ce comportement peut être constant ou se produire principalement avant les repas ou les sorties.
- Encensement (ou headshaking) – Le cheval secoue sa tête de haut en bas de manière involontaire, parfois violemment. Toutefois, l’encensement est généralement considéré comme un syndrome plutôt qu’un tic et peut avoir diverses causes sous-jacentes.
Fréquence des tics
Les stéréotypies se caractérisent par des comportements répétitifs, uniformes et sans but évident. Chez les chevaux, les stéréotypies les plus courantes incluent le tic à l’ours, le tic à l’air et le tic déambulatoire.
La fréquence de ces comportements varie d’un cheval à l’autre et peut aussi changer au cours de la vie de l’animal. Par exemple, un cheval peut tiquer pendant une heure par jour, tandis qu’un autre peut le faire tout au long de la journée et même la nuit. De plus, un même cheval peut tiquer très fréquemment à une période de sa vie et beaucoup moins à une autre.
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Comment empêcher un cheval de tiquer?
Lorsqu’un cheval a déjà développé un tic ou stéréotypie, il est crucial de prendre des mesures pour gérer et réduire ce comportement mais sans l’empêcher d’agir à sa guise. Car vouloir contrôler à tout prix le cheval risque d’être plus néfaste et stressant pour lui, et peut même développer de nouveaux tics si on ne le laisse pas faire.
Traiter et gérer les tics existants chez les chevaux nécessite une approche globale, individualisée et orientée vers les causes de ce comportement. En combinant des stratégies d’enrichissement de l’environnement, des modifications de l’alimentation, des techniques de réduction du stress et des interactions sociales régulières, il est possible de réduire les comportements stéréotypiques et d’améliorer la qualité de vie des chevaux. Il est important de surveiller continuellement le cheval et d’adapter les stratégies de gestion en fonction de ses besoins spécifiques.
Voici quelques exemples et stratégies efficaces qui peuvent aider à traiter et gérer les tics chez les chevaux.
Un environnement enrichi et des conditions de vie améliorées peuvent grandement réduire les stéréotypies.
- Permettre aux chevaux de passer plus de temps à l’extérieur, où ils peuvent brouter et se déplacer librement, est essentiel.
- Ajouter des jouets, des balles et d’autres objets manipulables pour occuper le cheval et réduire l’ennui.
- Introduire des activités variées et intéressantes pour stimuler mentalement le cheval.
Une alimentation adaptée peut aider à prévenir et à gérer les stéréotypies.
- Fournir une alimentation riche en fibres, comme du foin de haute qualité et de l’herbe, pour satisfaire le besoin naturel de mastication.
- Diviser la ration quotidienne en plusieurs petits repas pour imiter le comportement naturel de pâturage et réduire les périodes sans nourriture.
Une routine stable et des interactions sociales régulières peuvent réduire le stress et les comportements stéréotypiques.
- Maintenir des horaires constants pour les repas, les sorties et les activités.
- Permettre aux chevaux de socialiser avec leurs congénères pour réduire le sentiment de solitude et de stress, que ce soit au pâturage ou dans les écuries.
Assurer un environnement calme et prévisible pour réduire les sources de stress.
- Éviter les bruits forts et les mouvements brusques autour des chevaux pour minimiser le stress.
- Maintenir un environnement stable avec peu de changements pour réduire l’anxiété.
Le collier anti-tiqueur
Le collier anti-tiqueur peut être utilisé pour dissuader les tics oraux, en particulier le tic à l’appui ou le tic à l’air, mais doit être utilisé avec précaution. Ce collier exerce une pression sur la gorge du cheval lorsqu’il tente d’effectuer un tic, rendant le comportement inconfortable.
Toutefois, ce dispositif ne traite pas les causes sous-jacentes des stéréotypies et ne devrait être utilisé que comme une solution temporaire en complément d’autres stratégies de gestion. Veillez à demander conseil à un vétérinaire ou un professionnel si vous pensez avoir besoin d’utiliser un collier anti-tiqueur pour votre cheval.
Prévenir l’apparition de tic
Dès leur plus jeune âge, prévenir les tics ou stéréotypies chez les chevaux est essentiel pour assurer leur bien-être et leur santé. En améliorant leurs conditions de détention et en leur offrant, de la meilleure manière, la possibilité de satisfaire leurs besoins naturels, les chevaux, même lors d’étapes stressantes (comme le sevrage ou l’arrivée dans une nouvelle écurie), ont en général peu de chances de développer un tic.
Cela nécessite une approche proactive et holistique, combinant l’enrichissement environnemental, une alimentation adaptée, la réduction du stress, des interactions sociales régulières et un exercice physique adéquat. En mettant en œuvre ces stratégies, les propriétaires et gestionnaires de chevaux peuvent contribuer à améliorer le bien-être et la qualité de vie de leurs chevaux, tout en réduisant l’incidence des tics.