cheval naviculaire
  • Dernière modification de la publication :21 juillet 2024
  • Post category:Maladies du cheval
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Le syndrome naviculaire, une affection redoutée dans le monde équestre, impacte significativement la santé et la performance des chevaux. Ce guide vise à éclairer propriétaires, cavaliers, et professionnels sur cette condition complexe, de son diagnostic à sa gestion.

Touchant l’os naviculaire et entraînant douleur ainsi que boiterie, comprendre et traiter ce syndrome représente un défi majeur. L’objectif est de dévoiler les mystères entourant ses causes, symptômes, et options thérapeutiques, offrant ainsi des stratégies efficaces pour améliorer le bien-être du cheval naviculaire.

À travers une exploration concise de la maladie, nous aspirons à fournir les outils nécessaires pour une prise en charge optimale, permettant aux chevaux de mener une vie active et confortable malgré la présence du syndrome naviculaire.

Qu’est-ce qu’un cheval naviculaire?

Un cheval naviculaire est un cheval qui souffre d’une maladie affectant le pied, spécifiquement une structure osseuse appelée l’os naviculaire. Cette maladie est aussi connue sous le nom de syndrome podotrochléaire, ou syndrome naviculaire.

1. Comprendre le syndrome naviculaire

Le syndrome naviculaire, souvent évoqué dans les écuries avec une pointe d’inquiétude, mérite une attention particulière pour son impact potentiel sur la santé et la performance des chevaux. Pour aborder ce sujet complexe, commençons par les bases, en plongeant dans l’anatomie du pied du cheval et en démystifiant la nature de cette maladie.

Anatomie du pied du cheval

Le pied du cheval est une merveille d’ingénierie naturelle, conçu pour absorber les impacts, fournir de la traction et soutenir le poids considérable de l’animal en mouvement. Au cœur de cette structure se trouve l’os naviculaire, petit mais crucial, situé derrière l’articulation du paturon, dans la partie antérieure du pied.

Cet os sert de point de passage au tendon fléchisseur profond, qui joue un rôle essentiel dans la flexion du pied et dans l’amortissement des chocs lors des phases de galop ou de saut.

Qu’est-ce que le syndrome naviculaire?

Le syndrome naviculaire est une affection dégénérative qui touche non seulement l’os naviculaire mais aussi les structures adjacentes, telles que le tendon fléchisseur profond et les bourses synoviales. Cette maladie se manifeste par une série de changements pathologiques, incluant l’inflammation, l’usure osseuse, et les lésions des tissus mous, conduisant à une douleur chronique et à une boiterie chez le cheval affecté.

La complexité du syndrome naviculaire réside dans la diversité de ses manifestations et dans les multiples facteurs qui peuvent influencer son apparition et son évolution. Les symptômes peuvent varier considérablement d’un cheval à l’autre, rendant le diagnostic et le traitement de cette maladie particulièrement délicats.

Pathologie et évolution

Au fil du temps, la pression répétée et les contraintes exercées sur l’os naviculaire peuvent entraîner une dégradation progressive de sa structure. Les chevaux avec une conformation défavorable du pied, ceux qui travaillent sur des surfaces dures ou qui sont soumis à des entraînements intensifs, sont particulièrement à risque.

Les changements dégénératifs associés au syndrome naviculaire peuvent inclure l’érosion de l’os, la formation de kystes, et une réduction de la densité osseuse, connue sous le nom d’ostéolyse. Ces altérations compromettent la fonction normale du pied, entraînant douleur et boiterie, et dans les cas avancés, peuvent limiter de manière significative la capacité d’un cheval à se déplacer librement.

cheval naviculaire

2. Causes et facteurs de risque

Pour prévenir et gérer le syndrome naviculaire, il est crucial de comprendre les causes sous-jacentes et les facteurs qui augmentent le risque de cette affection chez les chevaux. Bien que la cause exacte soit souvent multifactorielle, une combinaison de facteurs génétiques, anatomiques, et environnementaux joue un rôle déterminant dans l’apparition et la progression de la maladie.

Conformation du pied – La conformation du pied du cheval est un facteur déterminant majeur. Les chevaux avec des pieds étroits, des talons bas, ou une pente phalangienne excessive (angle du sabot prononcé) sont particulièrement vulnérables. Ces caractéristiques peuvent augmenter la pression sur l’os naviculaire et le tendon fléchisseur profond, contribuant à l’usure prématurée de ces structures.

Génétique – La prédisposition génétique peut également jouer un rôle. Certaines lignées ou races de chevaux semblent plus susceptibles de développer le syndrome naviculaire, suggérant que la génétique influence la conformation du pied et la résilience des structures osseuses et tendineuses.

Type de sol et usage – Les surfaces sur lesquelles un cheval travaille régulièrement peuvent influencer le risque de syndrome naviculaire. Travailler fréquemment sur des sols durs ou inégaux augmente le stress mécanique sur le pied, particulièrement sur l’os naviculaire. De même, les disciplines équestres exigeant des mouvements répétitifs ou des impacts élevés, tels que le saut d’obstacles ou le dressage à haut niveau, peuvent accroître ce risque.

Ferrage et soin des pieds – Un ferrage inapproprié ou un soin négligé des pieds peut aggraver ou contribuer au développement du syndrome naviculaire. Un fer mal adapté, par exemple, peut modifier la répartition de la pression à travers le pied, tandis qu’un manque de soins réguliers peut conduire à une détérioration de la santé globale du pied.

Poids et activité – Le poids du cheval et le niveau d’activité sont également des facteurs à considérer. Les chevaux en surpoids peuvent exercer une pression supplémentaire sur leurs pieds, tandis que ceux qui sont soumis à un entraînement intensif sans récupération adéquate peuvent voir leur risque augmenter.

Âge – L’âge est un autre facteur, avec une incidence plus élevée du syndrome naviculaire observée chez les chevaux d’âge moyen à âgés. Cela peut être dû à l’usure cumulée sur l’os naviculaire et les structures adjacentes au fil du temps.

3. Symptômes et signes du syndrome naviculaire

Le syndrome naviculaire peut être insidieux, avec des symptômes qui se développent progressivement et peuvent facilement être confondus avec d’autres problèmes de pied ou de boiterie. Pourtant, une identification précoce est cruciale pour le bien-être du cheval et peut faire une différence significative dans les options et l’efficacité du traitement.

Voici les principaux symptômes et signes à surveiller:

Boiterie – La boiterie est souvent le premier signe que les propriétaires ou les cavaliers remarquent. Elle peut varier de légère à sévère et est typiquement plus prononcée après le repos ou au début de l’exercice, tendant parfois à s’améliorer avec le mouvement continu. La boiterie peut être difficile à détecter si les deux pieds sont affectés de manière égale.

Changements dans la démarche – Les chevaux atteints du syndrome naviculaire peuvent adopter une démarche plus courte pour minimiser la douleur. Ils peuvent sembler moins disposés à se déplacer librement et montrer une réticence à réaliser des mouvements qui leur étaient auparavant faciles, comme les transitions entre les allures ou les virages serrés.

Sensibilité à la pression – Une sensibilité accrue dans la région de l’os naviculaire est un signe révélateur. Cela peut être évalué par un test à la pince à tester les pieds, où le cheval réagit douloureusement à la compression de certaines parties du pied, notamment la zone autour ou juste en arrière des sabots.

Positionnement des pieds – Les chevaux souffrant du syndrome naviculaire peuvent changer leur façon de se tenir pour soulager la pression sur les pieds affectés. Ils peuvent par exemple poser les talons en premier, ou alterner fréquemment de pied pour réduire la douleur.

Résistance au travail – Un changement dans le comportement ou l’attitude face au travail est fréquent. Le cheval peut sembler moins enthousiaste à l’idée d’être monté, résister à l’entraînement, ou avoir des difficultés à maintenir une allure régulière.

Atrophie musculaire – Dans les cas avancés ou chroniques, l’atrophie musculaire peut apparaître, résultant d’une utilisation réduite du membre affecté. Cela peut être particulièrement visible dans la région des épaules ou des membres antérieurs.

Augmentation de la chaleur et pulsation – Une chaleur excessive dans le pied concerné et une augmentation de la pulsation des artères digitales peuvent indiquer une inflammation ou une douleur accrue dans la zone.

syndrome naviculaire

Comment soigner et gérer un cheval naviculaire?

Une fois le diagnostic établi, un plan de traitement personnalisé peut être mis en place, visant à gérer les symptômes et à maximiser la qualité de vie du cheval. La coopération étroite entre le propriétaire, le vétérinaire et le maréchal-ferrant est essentielle pour une gestion réussie de la maladie.

Bien qu’il n’existe pas de remède définitif pour le syndrome naviculaire, de nombreux chevaux peuvent mener une vie active et confortable avec une gestion appropriée.

1. Diagnostic du syndrome naviculaire

Le processus de diagnostic commence par un examen clinique approfondi. Le vétérinaire évaluera l’allure du cheval, en notant toute boiterie ou irrégularité dans sa démarche. Cet examen comprend également la palpation des pieds pour identifier les zones de douleur, de chaleur, ou d’enflure, ainsi que l’observation de la conformation et de l’état général du pied.

Les tests de blocage analgésique sont cruciaux pour localiser la source de la douleur. En anesthésiant sélectivement certaines parties du pied, le vétérinaire peut déterminer si la boiterie s’améliore, ce qui indique que la zone anesthésiée est probablement la source de la douleur. Ces tests aident à isoler la douleur provenant de l’os naviculaire des autres causes potentielles de boiterie.

Les techniques d’imagerie jouent un rôle indispensable dans le diagnostic du syndrome naviculaire, permettant de visualiser l’état de l’os naviculaire et des structures environnantes.

  • Radiographies – Les radiographies sont souvent la première méthode d’imagerie utilisée. Elles peuvent révéler des changements dans la forme ou la densité de l’os naviculaire, ainsi que la présence de calcifications ou d’autres anomalies osseuses.
  • Échographie – Bien que moins fréquemment utilisée pour l’os naviculaire lui-même, l’échographie peut être précieuse pour examiner les tendons et les ligaments environnants, cherchant des signes de dégénérescence ou d’inflammation.
  • Imagerie par résonance magnétique (IRM) – L’IRM est particulièrement utile pour fournir une vue détaillée de toutes les structures du pied, y compris l’os, les tissus mous, et les ligaments. Elle est considérée comme le standard d’or pour évaluer la complexité des changements associés au syndrome naviculaire.

Ce processus de diagnostic permet non seulement de confirmer la présence de la maladie mais aussi de déterminer son stade de progression et d’informer les décisions concernant les options de traitement les plus appropriées.

2. Options de traitement

Une fois le diagnostic de syndrome naviculaire confirmé, l’objectif du traitement se concentre sur la réduction de la douleur et de l’inflammation, le soutien de la fonction du pied, et la prévention de la progression de la maladie. Voici un aperçu des options de traitement actuellement disponibles.

Médicaments anti-inflammatoires

Les médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont fréquemment prescrits pour gérer la douleur et l’inflammation. Cependant, leur utilisation doit être surveillée étroitement en raison du risque potentiel d’effets secondaires, notamment sur le système gastro-intestinal et les reins.

Injections intra-articulaires

Les injections de corticostéroïdes dans l’articulation ou autour de l’os naviculaire peuvent réduire efficacement l’inflammation et la douleur pour une période. Des substances comme l’acide hyaluronique peuvent également être injectées pour améliorer la qualité du liquide synovial, offrant une meilleure lubrification de l’articulation.

Médicaments modificateurs de la maladie

Les bisphosphonates, tels que le tiludronate et le clodronate, sont des médicaments qui aident à réguler le remodelage osseux. Ils peuvent être utilisés pour traiter les chevaux avec le syndrome naviculaire en ralentissant la résorption osseuse, ce qui peut aider à gérer les douleurs osseuses associées à la maladie.

Chirurgie

Dans les cas où les traitements conservateurs ne parviennent pas à contrôler les symptômes, des options chirurgicales comme la neurectomie (coupe d’un nerf pour réduire la douleur) ou la desmotomie (section de ligaments pour diminuer la tension) peuvent être envisagées, bien que ces procédures viennent avec leurs propres risques et controverses.

Modifications de la ferrure

La ferrure joue un rôle crucial dans le traitement du syndrome naviculaire. Les modifications peuvent inclure l’ajout de fers orthopédiques qui soutiennent le talon, réduisent la pression sur l’os naviculaire, et améliorent l’angle de pente du pied.

Des semelles spéciales peuvent également être utilisées pour fournir un amortissement supplémentaire et soutenir la répartition correcte du poids à travers le pied.

Thérapies complémentaires et alternatives

Des exercices de physiothérapie peuvent améliorer la flexibilité, la force, et la circulation dans le pied, aidant à maintenir ou à améliorer la mobilité du cheval. L’acupuncture est une autre option qui peut être explorée pour la gestion de la douleur et de l’inflammation, offrant une alternative ou un complément aux traitements médicamenteux.

La magnétothérapie et la laserthérapie sont des thérapies non invasives pouvant stimuler la guérison des tissus, réduire l’inflammation, et soulager la douleur.

Gestion de l’exercice et du repos

Un programme d’exercice adapté est essentiel. Trop de repos peut augmenter la raideur, tandis qu’un exercice excessif peut aggraver la condition. Un équilibre doit être trouvé, souvent avec des promenades en main ou un exercice léger sur des surfaces douces.

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3. Gestion et prévention

La gestion efficace du syndrome naviculaire et la prévention de son apparition ou de sa progression reposent sur une approche proactive et multidimensionnelle. Comprendre comment minimiser les facteurs de risque et optimiser le bien-être du cheval peut jouer un rôle crucial dans la prévention de cette maladie débilitante.

Des contrôles vétérinaires réguliers permettent de détecter précocement les signes du syndrome naviculaire, augmentant ainsi les chances de succès du traitement.

Une attention constante aux soins des pieds, y compris un parage et un ferrage réguliers et professionnels, est essentielle pour maintenir la santé du pied et prévenir les problèmes. Collaborer avec un maréchal-ferrant expérimenté pour s’assurer que la ferrure est adaptée à la conformation spécifique du pied du cheval peut aider à réduire le stress sur l’os naviculaire.

Un programme d’exercice bien conçu, qui équilibre le travail et le repos et évite les surcharges, est crucial pour la santé globale du pied. Pour cela, privilégiez les surfaces douces pour l’entraînement et le pâturage afin de réduire l’impact sur les pieds du cheval et diminuer le risque de développer le syndrome naviculaire.

En outre, le cheval doit maintenir un poids corporel sain pour réduire la pression excessive sur les pieds et les articulations.

Une alimentation équilibrée, riche en nutriments essentiels, soutient la santé osseuse et des tissus mous. Des suppléments spécifiques peuvent être recommandés par le vétérinaire pour soutenir la santé des os et des articulations, tels que ceux contenant de la glucosamine, de la chondroïtine, et des acides gras oméga-3.

Pour les éleveurs, tenir compte des antécédents génétiques et de la conformation des pieds peut aider à réduire la prévalence du syndrome naviculaire dans les générations futures.

4. Peut-on monter un cheval naviculaire?

Le diagnostic de syndrome naviculaire chez un cheval n’est pas une fin de carrière ou de qualité de vie, mais il nécessite des ajustements dans la gestion quotidienne et les attentes à long terme. Avec les bons soins et l’attention, de nombreux chevaux atteints du syndrome naviculaire peuvent continuer à mener une vie active et satisfaisante.

Tout d’abord, les séances d’entraînement doivent être adaptées pour éviter les surcharges sur les pieds affectés. Cela inclut la réduction de l’intensité et de la durée des séances, ainsi que le choix de disciplines moins exigeantes physiquement.

Les exercices de faible impact, comme la promenade ou le travail léger sur des surfaces souples, peuvent aider à maintenir la condition physique sans aggraver les symptômes. Veillez à intégrer des périodes de repos adéquates dans le programme d’exercice pour permettre au cheval de récupérer pleinement entre les séances.

De plus, un accès régulier au paddock et au pré encourage le mouvement naturel et réduit le stress du cheval naviculaire.

Vous pouvez également explorer des thérapies complémentaires comme la massothérapie ou l’hydrothérapie pour offrir un soutien physique supplémentaire et améliorer le bien-être général.

Enfin, un dialogue ouvert et régulier avec le vétérinaire, le maréchal-ferrant et d’autres professionnels équins est essentiel pour surveiller l’état du cheval et ajuster le plan de traitement au besoin.


Le syndrome naviculaire, bien que complexe et souvent intimidant pour les propriétaires de chevaux, n’est pas une sentence. Avec une compréhension approfondie, un diagnostic précoce, et une gestion proactive, il est possible de gérer efficacement cette maladie et de maintenir une qualité de vie élevée pour les chevaux affectés.

Les options de traitement sont diverses, allant des médicaments anti-inflammatoires et modifications de la ferrure à des thérapies complémentaires et des interventions chirurgicales dans les cas les plus avancés. Avec les ajustements appropriés et le soutien, les chevaux atteints du syndrome naviculaire peuvent continuer à mener une vie active et satisfaisante. La clé est une gestion attentive et une surveillance régulière.

L’engagement envers une approche fondée sur des preuves, combiné à une collaboration étroite entre le propriétaire, le vétérinaire et le maréchal-ferrant, est essentiel pour améliorer la qualité de vie d’un cheval naviculaire.