You are currently viewing Les problèmes de jarret chez le cheval – Guide pratique
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Le jarret, situé à l’intersection de plusieurs os cruciaux dans la partie haute du membre du cheval, est une articulation essentielle pour la locomotion de ces animaux. Cette articulation complexe joue un rôle clé dans le soutien du poids, les mouvements dynamiques comme le saut et la course, ainsi que dans la stabilisation lors de la station debout.

Malheureusement, le jarret est susceptible à diverses pathologies, souvent dues à des traumatismes la surutilisation, ou simplement l’usure liée à l’âge, pouvant entraîner des boiteries ou des incapacités sévères nécessitant des interventions médicales.

Cet article est conçu pour fournir aux propriétaires et aux cavaliers une compréhension approfondie du jarret du cheval: de son anatomie complexe aux diverses pathologies qui peuvent l’affecter, en passant par les méthodes de diagnostic et les meilleures pratiques de prévention.

Anatomie et fonction du jarret du cheval

Le jarret du cheval est une articulation complexe et essentielle à la mobilité et à la performance de l’animal. Pour comprendre son importance, il est crucial de se pencher sur sa structure anatomique et les fonctions qu’il accomplit.

1. Structure anatomique du jarret

Le jarret du cheval est une articulation complexe et essentielle qui joue un rôle crucial dans la locomotion de l’animal. Sa structure anatomique est conçue pour supporter le poids et permettre une variété de mouvements.

Le jarret est formé par l’intersection du tibia (l’os principal du bas de la jambe) et du tarse, qui est un groupe d’os plus petits incluant l’astragale (ou talus) et le calcaneus (ou os du talon), ainsi que d’autres os tarsiens plus petits.

Le jarret comprend trois articulations principales qui facilitent ses mouvements:

  • L’articulation tibio-tarsienne, située entre le tibia et l’astragale, permet la flexion et l’extension principale du jarret.
  • Les articulations intertarsiennes connectent les divers os tarsiens et permettent une certaine mobilité, contribuant à la flexion et à l’extension.
  • L’articulation tarsométatarsienne, située à la base du tarse, joue un rôle dans la stabilisation et les ajustements fins du mouvement.

Les ligaments du jarret, comme le ligament collatéral médial et latéral, assurent la stabilité de l’articulation en limitant les mouvements excessifs qui pourraient endommager l’articulation.

Plusieurs tendons importants traversent le jarret, y compris le tendon d’Achille, qui s’attache au calcaneus et est crucial pour la propulsion et le saut. D’autres tendons aident à stabiliser et à mouvoir l’articulation lors de différentes activités.

2. Fonctions du jarret

Le jarret joue plusieurs rôles vitaux dans la vie quotidienne et sportive du cheval:

  • Flexion et extension – L’articulation du jarret permet au cheval de fléchir et d’étendre son membre. Cette capacité est essentielle non seulement pour la locomotion de base, mais aussi pour des mouvements plus dynamiques comme le saut, les accélérations rapides et les arrêts brusques.
  • Support de poids – Lorsque le cheval se tient debout, se déplace ou effectue des mouvements spécifiques, le jarret aide à supporter une partie significative de son poids, agissant comme un point crucial pour la distribution des forces à travers les membres postérieurs.
  • Absorption des chocs – Grâce à sa structure complexe et ses nombreux éléments amortissants, le jarret aide à absorber les chocs que subissent les jambes du cheval lors de la course, du saut ou même de la marche sur des terrains irréguliers.

La santé du jarret est donc fondamentale pour le bien-être général du cheval. Un jarret fonctionnel permet non seulement d’éviter la douleur et l’inconfort, mais aussi de prévenir des lésions plus graves qui pourraient compromettre la mobilité de l’animal à long terme. Pour cette raison, une attention particulière doit être accordée à cette articulation, que ce soit à travers l’entraînement, la prévention des blessures ou les soins vétérinaires réguliers.

jarret du cheval
Les jarrets du cheval sont très sollicités en saut d’obstacles

Les pathologies courantes du jarret

Le jarret du cheval, en raison de sa structure complexe et de son rôle crucial dans la locomotion, est susceptible à diverses pathologies. Ces problèmes peuvent affecter considérablement la performance et le bien-être de l’animal. Voici une exploration détaillée des affections les plus fréquentes du jarret chez les chevaux.

1. Arthrose

L’arthrose chez le cheval est une forme chronique de maladie articulaire dégénérative qui peut affecter les jarrets. Elle se caractérise par la dégradation progressive du cartilage articulaire, le tissu glissant qui recouvre les extrémités des os au sein d’une articulation. Cette dégradation conduit à des modifications osseuses, à des inflammations, et à la formation d’ostéophytes ou excroissances osseuses.

Cette condition résulte souvent de l’usure chronique de l’articulation, qui peut être exacerbée par des blessures antérieures, des déséquilibres conformationnels ou une activité excessive.

Bien que l’arthrose soit une condition progressive et incurable, plusieurs traitements sont disponibles pour gérer les symptômes et ralentir la progression de la maladie. En la gérant efficacement, il est possible de prolonger la période de mobilité active du cheval et de maintenir une bonne qualité de vie.

2. Ostéochondrose disséquante (OCD)

L’ostéochondrose disséquante (OCD) est une maladie qui affecte les articulations et est particulièrement courante chez les jeunes chevaux en croissance, souvent ceux de races de grande taille et à croissance rapide. Cette affection se caractérise par le développement anormal du cartilage et de l’os sous-jacent dans les articulations, ce qui peut conduire à des lésions du cartilage et à la formation de fragments libres, appelés «kystes», au sein de l’articulation.

L’OCD est généralement causée par une combinaison de facteurs génétiques, de croissance rapide, d’alimentation inappropriée (en particulier un apport excessif en calories ou en certains nutriments comme le phosphore, le calcium et la vitamine D) et de traumatismes articulaires.

Une intervention chirurgicale est souvent recommandée pour retirer les fragments libres dans l’articulation, ce qui peut aider à réduire la douleur et à prévenir d’autres dommages articulaires.

3. Vessignon

Le vessignon est une sorte de boursouflure remplie de liquide qui apparaît généralement sur le corps d’un cheval, le plus souvent au niveau du genou, du jarret ou du coude. Ce n’est pas une tumeur ou une croissance cancéreuse, mais plutôt une réaction inflammatoire causée par un traumatisme ou une pression répétée sur la zone concernée.

Les vessignons se développent typiquement en réponse à des pressions continues ou des coups répétés sur une zone précise, ce qui entraîne l’accumulation de liquide dans les tissus sous-cutanés. Par exemple, un cheval qui se couche fréquemment sur des surfaces dures ou qui se cogne régulièrement contre des obstacles peut développer un vessignon.

Ces gonflements ne sont généralement pas douloureux pour le cheval, sauf s’ils deviennent infectés ou s’il y a une inflammation impliquée. Le repos, l’application de glace, et parfois le drainage du liquide sont des approches communes de gestion.

vessignon cheval

4. Eparvin osseux

L’éparvin osseux est une affection dégénérative où des excroissances osseuses (ostéophytes) se développent au sein du jarret, causant un frottement douloureux entre les os lors des mouvements.

L’éparvin osseux est généralement causé par l’usure, notamment une charge excessive répétée sur l’articulation, souvent due à des activités physiques exigeantes comme le saut ou la course. Les chevaux avec un défaut d’aplomb au niveau du jarret, comme un jarret coudé ou trop droit, sont plus susceptibles de développer un éparvin en raison de la distribution inégale du stress sur l’articulation.

Cette pathologie peut entraîner une boiterie chronique et nécessite souvent une gestion à long terme, incluant l’utilisation de médicaments pour la douleur, des changements d’activité et, dans certains cas, des interventions chirurgicales pour enlever les excroissances osseuses.

éparvin cheval

5. Capelet

Le capelet est une inflammation du calcaneus, souvent provoquée par des blessures directes au point saillant du jarret, causé par un traumatisme répété ou une pression continue sur cette zone.

Cette condition peut apparaître comme un gonflement ou un épaississement non douloureux à l’arrière du jarret. Ce gonflement peut fluctuer en taille et est généralement froid au toucher. Bien que généralement indolore, si l’hygroma devient infecté, il peut devenir chaud, douloureux et potentiellement grave.

Un capelet n’est généralement pas une condition grave ni douloureuse, mais s’il est mal géré, il peut entraîner des complications et affecter le confort du cheval. Si le capelet est petit et ne dérange pas le cheval, la surveillance peut être tout ce qui est nécessaire. Si le capelet est grand ou devient infecté, le drainage chirurgical peut être nécessaire, souvent accompagné d’une thérapie antibiotique.

6. Fracture du jarret

Une fracture du jarret chez le cheval est une blessure grave qui nécessite une attention vétérinaire immédiate. Le jarret, étant une structure complexe d’os, de ligaments, et de tendons, peut être sujet à des fractures en raison de traumatismes directs, de chutes, ou de torsions sévères durant des activités à haute intensité.

Le traitement dépend de la gravité de la fracture et peut inclure l’immobilisation du cheval et le recours à la chirurgie, parfois nécessaire pour réparer les fractures complexes avec déplacement d’os ou pour retirer des fragments osseux.

Prévenir les fractures du jarret implique de minimiser les risques de blessure par une gestion attentive des activités équestres, un entraînement approprié et l’usage de protections adaptées durant les exercices à risques.

Comment prendre soin des jarrets de son cheval?

Détecter et prévenir les troubles du jarret chez les chevaux implique une combinaison d’observation du comportement du cheval, de bonne gestion, d’entraînement adapté et de soins réguliers. Voici quelques stratégies essentielles pour réduire le risque de pathologies chez les chevaux.

1. Diagnostic des pathologies du jarret

La première étape dans le diagnostic des troubles du jarret est l’observation minutieuse du cheval par un vétérinaire. Cela inclut l’examen de la démarche du cheval en marche et au trot, pour identifier toute boiterie ou irrégularité dans le mouvement. L’examen clinique peut également révéler des signes de douleur, de gonflement, de chaleur ou de raideur dans le jarret.

Les tests de flexion sont couramment utilisés pour évaluer la douleur et la restriction de mouvement dans le jarret. Le vétérinaire maintient l’articulation en flexion pendant une période déterminée avant de relâcher le cheval pour observer sa réaction. Une augmentation de la boiterie immédiatement après ce test peut indiquer une pathologie.

Puis, des techniques d’imagerie peuvent être nécessaires, comme:

  • Les radiographies sont essentielles pour visualiser les structures osseuses et détecter des anomalies telles que des ostéophytes, des fractures ou des signes d’éparvin. Elles permettent également d’évaluer l’état général de l’articulation.
  • L’échographie est utilisée pour examiner les tissus mous autour du jarret, notamment les ligaments et les tendons. Elle est particulièrement utile pour diagnostiquer des conditions comme le capelet.
  • L’IRM peut fournir une image détaillée de toutes les structures du jarret, y compris les os, les tissus mous et les cartilages. C’est particulièrement utile pour les cas où les autres méthodes d’imagerie ne permettent pas un diagnostic définitif.
  • La scintigraphie osseuse peut être employée pour localiser les zones d’activité anormale dans l’os, indiquant des zones de réparation ou de stress, souvent avant que les changements ne soient visibles sur les radiographies.

Dans certains cas, notamment lorsque l’on suspecte une infection ou une inflammation sévère, une analyse du liquide synovial prélevé directement de l’articulation peut être réalisée. Cette analyse peut révéler des signes d’inflammation et aider à diagnostiquer des infections ou des troubles inflammatoires.

Il est également important de considérer d’autres conditions qui pourraient imiter les symptômes des pathologies du jarret, comme des problèmes dans la hanche ou le pied, qui pourraient causer une boiterie similaire. Le diagnostic différentiel aidera à cibler le traitement approprié et à éviter les interventions inutiles ou incorrectes.

En utilisant ces méthodes en combinaison, les vétérinaires peuvent établir un diagnostic précis des pathologies, ce qui est essentiel pour planifier un traitement efficace et améliorer les perspectives de récupération pour le cheval.

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2. Prévention des troubles du jarret

Prévenir les troubles du jarret chez les chevaux est essentiel pour maintenir leur santé et leur performance à long terme. Voici des stratégies efficaces pour minimiser le risque de développer des pathologies liées au jarret.

Gestion de l’entraînement

  • Augmentez progressivement l’intensité et la durée des sessions d’entraînement pour permettre aux articulations de s’adapter et se renforcer naturellement sans subir de surcharge.
  • Variez les types d’exercices pour éviter la répétition excessive de mouvements qui pourraient stresser les jarrets. Inclure des exercices de flexibilité et de renforcement peut aider à préparer les jarrets à mieux résister aux contraintes.
  • Assurez-vous de consacrer suffisamment de temps à l’échauffement avant l’exercice et à la récupération après, incluant des étirements et des mouvements légers pour maintenir la souplesse des membres et des articulations.

Attention à la surface de travail:

  • Privilégiez les surfaces douces et absorbant les chocs, comme le sable ou les fibres spéciales, qui réduisent l’impact sur les membres lors des entraînements.
  • Maintenez les zones de travail en bon état pour éviter les irrégularités qui peuvent causer des torsions ou des impacts inégaux sur les articulations.

Utilisation de guêtres et de bandages:

  • L’utilisation de guêtres de protection peut aider à soutenir les membres et à prévenir les blessures lors des activités à haute intensité.
  • Assurez-vous que les guêtres ou les bandages sont bien ajustés pour fournir un soutien efficace sans restreindre la circulation ou la mobilité naturelle du cheval.

Nutrition et compléments alimentaires

  • Fournissez une alimentation riche en nutriments essentiels qui favorisent la santé des os et des articulations, comme le calcium, la vitamine D et les acides gras oméga-3.
  • Maintenez un poids sain pour éviter une pression excessive sur les membres. Un excès de poids peut augmenter considérablement le risque de troubles articulaires.
  • Envisagez l’utilisation de compléments alimentaires conçus pour soutenir la santé des articulations, tels que la glucosamine, la chondroïtine, et l’acide hyaluronique, après consultation avec votre vétérinaire.
  • Des suppléments alimentaires naturels comme le curcuma peuvent aider à gérer l’inflammation naturellement.

En mettant en œuvre ces pratiques de prévention, les propriétaires et les cavaliers peuvent jouer un rôle actif dans la protection des jarrets de leurs chevaux contre les blessures et les pathologies, assurant ainsi une vie plus longue et plus active pour leur compagnon.

Conclusion

La santé du jarret est fondamentale pour la mobilité, la performance et le bien-être général des chevaux. En raison de son rôle crucial dans les mouvements du cheval, en particulier pour le sport, toute pathologie affectant cette articulation peut sérieusement compromettre la qualité de vie de l’animal. C’est pourquoi il est essentiel pour les propriétaires et les cavaliers de comprendre non seulement les mécanismes et les fonctions du jarret, mais également les troubles courants qui peuvent l’affecter.

Une approche proactive de la gestion de la santé des articulations implique une attention méticuleuse à plusieurs aspects de la vie du cheval. Cela inclut un entraînement approprié et progressif, une alimentation équilibrée, le maintien d’un poids corporel idéal et l’utilisation judicieuse de protections comme les guêtres lors des activités à risque.

La prévention joue un rôle déterminant dans la minimisation des risques de pathologies du jarret. En adoptant des pratiques de gestion rigoureuses et en restant attentif aux premiers signes de trouble, il est possible de préserver la santé des membres du cheval et d’éviter les complications qui nécessitent des interventions plus lourdes.