La maladie de l’herbe, ou dysautonomie équine, est une affection neurologique grave affectant principalement les chevaux au pâturage. Cette maladie se caractérise par une paralysie partielle ou complète du tractus gastro-intestinal, entraînant des coliques sévères et des difficultés à déglutir. Avec un taux de mortalité élevé, elle représente une menace sérieuse pour la santé équine. Les chevaux touchés peuvent souffrir rapidement et nécessitent une intervention urgente.
Cet article vise à fournir des informations complètes sur la maladie de l’herbe, y compris ses symptômes, son diagnostic, et ses méthodes de gestion et de prévention. Grâce à ces connaissances, nous espérons améliorer les chances de survie des chevaux et minimiser l’impact de cette maladie dévastatrice.
Comprendre la maladie de l’herbe chez le cheval
La maladie de l’herbe, ou dysautonomie équine, a été décrite pour la première fois en Écosse au début des années 1900. À cette époque, les éleveurs et les vétérinaires ont observé des chevaux au pâturage présentant des symptômes inhabituels et souvent mortels. Cette maladie a été largement étudiée au Royaume-Uni, où elle reste la plus prévalente. Au fil des années, des cas ont été signalés dans d’autres régions d’Europe de l’Ouest, bien que la prévalence y soit généralement plus faible.
La maladie de l’herbe, appelée Equine Grass Sickness en anglais, affecte principalement le système nerveux autonome et entérique des chevaux. Le système nerveux autonome contrôle les fonctions involontaires du corps, telles que la digestion et la régulation cardiaque. L’atteinte de ce système entraîne une paralysie partielle ou complète du tractus gastro-intestinal, ce qui explique les symptômes graves observés chez les chevaux atteints.
1. Étiologie et hypothèses causales
Les causes exactes de la maladie de l’herbe restent un mystère, malgré plus d’un siècle de recherche. Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer son origine:
- Hypothèse bactérienne – La bactérie Clostridium botulinum et Clostridium perfringens sont fortement suspectées d’être impliquées dans la maladie. Ces bactéries produisent des neurotoxines qui pourraient endommager le système nerveux autonome du cheval.
- Facteurs environnementaux – Les sols riches en humus et en sable semblent être associés à un risque accru de la maladie de l’herbe. Les conditions météorologiques influencent également la prévalence, avec une incidence plus élevée au printemps et au début de l’été, lorsque l’herbe pousse rapidement et est fraîche.
En outre, les pratiques de gestion des pâturages peuvent influencer la prévalence de la maladie de l’herbe. Les chevaux récemment introduits dans de nouveaux pâturages ou ceux qui y passent de longues périodes sans alternance avec un séjour en boxe sont plus à risque. Les changements brusques dans l’alimentation, en particulier l’introduction soudaine de chevaux dans des pâturages riches, peuvent perturber la flore intestinale et augmenter le risque de maladie.
Les recherches sur la maladie de l’herbe se poursuivent, avec des études focalisées sur l’identification précise des agents pathogènes responsables et la compréhension des mécanismes de la maladie.
2. Prévalence géographique
Le Royaume-Uni, et plus particulièrement l’Écosse, est la région la plus gravement touchée par la maladie de l’herbe. Les premiers cas ont été documentés en Écosse au début des années 1900, et depuis, le pays continue de signaler une prévalence élevée de la maladie. Des études montrent que le climat et les pratiques de pâturage dans cette région contribuent à cette prévalence élevée.
L’Irlande suit de près le Royaume-Uni en termes de prévalence. Les conditions climatiques similaires, avec des printemps humides et des étés frais, ainsi que les pratiques agricoles, sont des facteurs qui favorisent l’apparition de la maladie de l’herbe.
En Europe continentale, des cas ont été rapportés en France, en Allemagne, en Belgique, et aux Pays-Bas. En France, la maladie est rare mais souvent sous-évaluée. Les premiers cas confirmés ont été signalés dans les années 1990, et bien que moins fréquente qu’au Royaume-Uni, la maladie de l’herbe y reste une préoccupation pour les éleveurs.
Des cas isolés de la maladie de l’herbe ont été rapportés dans d’autres parties du monde, y compris en Amérique du Nord et en Australie. Cependant, ces occurrences sont beaucoup moins fréquentes comparées à l’Europe de l’Ouest. Les différences climatiques et les pratiques de gestion des pâturages expliquent en partie cette distribution.
Comment savoir si un cheval a la maladie de l’herbe?
Le diagnostic de la maladie de l’herbe est complexe et repose principalement sur les symptômes cliniques et les antécédents épidémiologiques. Des examens complémentaires tels que des analyses sanguines et des biopsies de l’iléon ou du rectum peuvent être utilisés, mais ils sont souvent difficiles à mettre en œuvre et pas toujours concluants.
1. Signes et symptômes
La maladie de l’herbe chez le cheval se manifeste par une variété de signes et de symptômes, qui peuvent varier en fonction de la forme de la maladie (aiguë, subaiguë ou chronique). Il est crucial de reconnaître ces symptômes pour un diagnostic rapide et une prise en charge appropriée.
Formes de la maladie
La forme aiguë de la maladie de l’herbe est la plus grave et la plus rapide dans son évolution. Les chevaux atteints présentent des symptômes sévères et la mortalité est extrêmement élevée. Les symptômes sont les suivants:
- Coliques sévères et douleurs abdominales intenses sont souvent les premiers signes observés.
- La nourriture et les liquides ne passent plus correctement à travers le système digestif, entraînant des ballonnements et une distension de l’intestin grêle.
- Dysphagie, le cheval peut avoir des difficultés à avaler, entraînant une hypersalivation avec une salive épaisse.
- Régurgitation de contenu gastrique due à la paralysie des muscles du pharynx et de l’œsophage.
- Fréquence cardiaque élevée, généralement entre 80 et 100 battements par minute.
- Transpiration anormale dans des zones spécifiques comme les flancs et derrière les coudes.
- En moins de 48 heures, la maladie peut entraîner la mort, souvent due à une rupture de l’estomac ou à un choc circulatoire.
La forme subaiguë progresse plus lentement que la forme aiguë, mais elle reste sérieuse et souvent fatale sans traitement approprié. Les symptômes sont les suivants:
- Perte de poids significative sur quelques jours.
- Coliques et douleurs abdominales moins intenses que dans la forme aiguë, mais persistantes.
- Perte d’appétit, le cheval refuse de manger.
- Dépression générale et manque d’énergie.
- Transpiration excessive, souvent en plaques.
- Crottins secs avec mucus indiquant des problèmes digestifs sévères.
- Tremblements musculaires, surtout observés au niveau des membres et du grasset.
- Chute des paupières, donnant un aspect abattu au cheval.
La forme chronique de la maladie de l’herbe se développe sur une période prolongée, souvent des semaines à des mois, et bien que certains chevaux puissent survivre, ils restent gravement affectés. Les symptômes sont les suivants:
- Perte de poids sévère, malgré une alimentation adéquate.
- Le cheval adopte une posture affaissée avec la tête basse et le dos voûté.
- Écoulement nasal épais et purulent (rhinite purulente).
- Température corporelle anormalement basse.
- Difficulté persistante à avaler.
- Le cheval est faible et se fatigue rapidement.
- Légers signes de coliques et douleurs abdominales modérées.
- Fréquence cardiaque légèrement élevée.
- La maladie peut durer des mois et entraîne souvent la mort ou nécessite l’euthanasie en raison de l’état général sévèrement compromis du cheval.
2. Diagnostic de la maladie de l’herbe
Le diagnostic de la maladie de l’herbe est un processus complexe en raison de la diversité des symptômes et de la similarité avec d’autres affections équines.
Le diagnostic repose principalement sur l’observation des signes cliniques et l’historique du cheval. Les vétérinaires doivent être particulièrement attentifs aux chevaux présentant des coliques sévères, une paralysie du transit digestif, des difficultés à déglutir et des symptômes de sudation anormale.
Pour confirmer le diagnostic de la maladie de l’herbe, des examens complémentaires sont nécessaires. La biopsie de l’iléon sous laparotomie exploratrice est considérée comme le test de diagnostic le plus fiable, les biopsies rectales et nasales peuvent également être réalisées. Les échantillons de tissu sont examinés histologiquement pour détecter la dégénérescence neuronale caractéristique de la maladie de l’herbe.
Malheureusement, ces tests sont parfois peu sensibles et sont surtout difficiles à mettre en œuvre. Ils sont généralement réalisés après le décès de l’animal.
Reconnaître les signes et symptômes de la maladie de l’herbe est donc crucial pour une intervention rapide. Les propriétaires de chevaux doivent surveiller attentivement leurs animaux, en particulier pendant les périodes à risque comme le printemps et le début de l’été. La consultation rapide d’un vétérinaire est essentielle dès l’apparition des premiers symptômes pour un diagnostic précis et une prise en charge appropriée.
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Comment gérer la maladie de l’herbe?
La gestion et le traitement de la maladie de l’herbe sont essentiels pour améliorer les chances de survie du cheval et minimiser les souffrances. Bien que la plupart des cas soient malheureusement fatals, une intervention rapide et appropriée peut faire une différence significative.
Traitements et soins de soutien
Lorsque la maladie de l’herbe est suspectée ou diagnostiquée, il est crucial de retirer le cheval du pâturage et de le placer en observation dans un environnement contrôlé, comme une clinique vétérinaire. Si d’autres chevaux étaient présents dans le même pâturage, il faudra également les placer ailleurs et les garder sous surveillance pendant plusieurs semaines.
Comme il n’existe pas de traitement spécifique à la maladie, seul un traitement de soutien peut être mis en place. Voici les principales mesures de soutien:
- Pour prévenir la déshydratation et maintenir l’équilibre électrolytique, des fluides intraveineux sont souvent administrés.
- Des médicaments analgésiques sont utilisés pour gérer la douleur associée aux coliques et aux autres symptômes.
- Dans les cas graves où le cheval ne peut pas s’alimenter normalement, une alimentation par sonde peut être nécessaire pour fournir les nutriments essentiels.
Dans certains cas, une intervention chirurgicale telle qu’une laparotomie (chirurgie abdominale exploratoire) peut être nécessaire. Cette procédure peut aider à soulager les coliques et à prélever des échantillons de tissu pour un diagnostic plus précis. Toutefois, il s’agit d’une procédure invasive et coûteuse, réservée aux cas où d’autres traitements n’ont pas réussi.
Dans certains pays, il peut être nécessaire de signaler le cas aux autorités locales ou à des réseaux de surveillance épidémiologique comme le RESPE (Réseau d’Épidémio-Surveillance en Pathologie Équine) en France.
Stratégies de prévention
Une gestion prudente des pâturages est cruciale pour minimiser les risques de la maladie de l’herbe. Voici quelques mesures préventives efficaces:
- Alterner les zones de pâturage et permettre aux pâturages de « se reposer » peut réduire l’exposition des chevaux aux facteurs de risque environnementaux.
- Assurer un entretien régulier pour éviter la prolifération de mauvaises herbes et maintenir une couverture végétale saine. Éviter les pâturages riches en humus et en sable lors des périodes à risque.
- Certains types de sols, notamment ceux riches en humus et en sable, sont plus à risque. Connaître la composition du sol peut aider à prendre des décisions éclairées concernant l’utilisation des pâturages.
- Réduire le nombre de chevaux dans un pâturage à risque peut aider à minimiser l’exposition et la propagation de la maladie.
La surveillance attentive des chevaux au pâturage et l’alternance entre pâturage et boxe peuvent aider à réduire les risques. Il est recommandé de surveiller de près les chevaux, en particulier lors des périodes de transition saisonnière ou de changements alimentaires.
Pour conclure, la maladie de l’herbe, ou Equine Grass Sickness, représente un défi majeur pour les propriétaires de chevaux et les vétérinaires en raison de sa nature souvent fatale et de la complexité de son diagnostic et de son traitement. Bien que les causes exactes de la maladie restent mal comprises, une gestion proactive et une vigilance accrue peuvent contribuer à réduire les risques et à améliorer les chances de survie des chevaux atteints.