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Les ulcères gastriques sont un problème de santé courant et sérieux chez les chevaux, affectant leur bien-être, comportement et performances.

Cette affection résulte de l’érosion de la muqueuse gastrique par l’acide, influencée par des facteurs tels que le régime alimentaire, le stress, certains médicaments et les pratiques d’entraînement. Reconnaître les signes précurseurs, comprendre les méthodes de diagnostic et appliquer des stratégies de traitement et de prévention adéquates sont essentiels pour la gestion de cette condition.

Cet article vise à fournir une vue d’ensemble concise mais complète sur l’ulcère gastrique chez le cheval, offrant des conseils pratiques pour leur prévention et leur traitement.

Qu’est-ce qu’un ulcère gastrique chez le cheval?

Les ulcères gastriques, une affection courante mais souvent sous-estimée chez les chevaux, sont des lésions qui se forment sur la muqueuse de l’estomac.

L’estomac du cheval est divisé en deux parties principales: la partie supérieure, recouverte d’un épithélium squameux, et la partie inférieure, tapissée d’une muqueuse glandulaire. Cette dernière sécrète de l’acide chlorhydrique et d’autres enzymes digestives. Contrairement aux humains, les chevaux produisent de l’acide gastrique continuellement, même en l’absence de nourriture. Cette caractéristique, couplée à un estomac relativement petit, souligne l’importance d’une alimentation fréquente et riche en fibres pour maintenir l’équilibre acide-base.

Les ulcères se développent lorsque l’équilibre entre les facteurs agressifs (comme l’acide gastrique) et les mécanismes de défense de la muqueuse (production de mucus et régénération cellulaire) est perturbé. Plusieurs facteurs peuvent déséquilibrer cette relation délicate, comme l’alimentation, le stress ou l’utilisation de certains médicaments.

Les ulcères gastriques peuvent sérieusement affecter la santé, le comportement et les performances du cheval. La douleur et l’inconfort entraînent souvent une baisse d’appétit, une perte de poids, et une diminution de l’état général.

ulcère gastrique cheval

1. Les symptômes d’un ulcère gastrique

La détection précoce des ulcères gastriques chez le cheval est essentielle pour un traitement efficace et pour prévenir des complications graves. Cependant, les signes et symptômes peuvent être subtils et facilement attribués à d’autres problèmes de santé ou à des comportements considérés comme normaux.

Perte d’appétit et sélectivité alimentaire – Un des premiers signes d’ulcère gastrique peut être une diminution de l’intérêt pour la nourriture. Le cheval peut devenir particulièrement sélectif, préférant le fourrage aux concentrés, ou laisser une partie de sa ration inachevée.

Perte de poids et condition corporelle médiocre – Même avec un apport alimentaire apparemment adéquat, un cheval souffrant d’ulcères peut perdre du poids ou montrer une difficulté à maintenir une condition corporelle optimale. Le pelage peut également devenir terne et manquer de lustre, reflétant un état de santé général diminué.

Comportement irrité lors du sanglage – Les chevaux avec des ulcères peuvent réagir négativement à la pression sur leur abdomen, devenant irritables ou réticents lors du sanglage de la selle.

Changements d’humeur – L’inconfort et la douleur peuvent rendre le cheval plus irritable, anxieux, ou déprimé. Ces changements d’humeur sont parfois mal interprétés comme des problèmes de comportement sans cause physique apparente.

Coliques légères récurrentes – Des épisodes de coliques légères mais récurrentes peuvent être un signe d’ulcères gastriques, surtout si ces épisodes semblent survenir sans autre cause évidente.

La nature variée et souvent subtile des symptômes rend le diagnostic des ulcères gastriques chez le cheval un défi. Beaucoup de signes peuvent être attribués à d’autres conditions ou à des facteurs de stress environnementaux. De plus, certains chevaux peuvent souffrir d’ulcères sans montrer de signes extérieurs évidents, particulièrement dans les premiers stades de la maladie.

La clé pour identifier les ulcères gastriques repose sur une observation attentive et régulière du comportement, de l’appétit, et de la condition physique du cheval. Noter tout changement inhabituel et consulter un vétérinaire dès que des doutes surviennent peut faire une différence significative dans l’issue du traitement.

2. Causes et facteurs de risque

Les ulcères gastriques chez le cheval ne surviennent pas sans raison. Plusieurs facteurs, souvent interconnectés, jouent un rôle crucial dans leur développement. Comprendre ces éléments est essentiel pour mettre en place des stratégies préventives efficaces. Examinons de plus près les principales causes et les facteurs de risque.

Régime riche en céréales – L’alimentation moderne des chevaux inclut souvent une quantité importante de céréales et d’aliments concentrés. Ces aliments augmentent la production d’acide dans l’estomac et peuvent réduire le pH gastrique, créant un environnement propice au développement des ulcères.

Accès limité au fourrage – Les chevaux sont conçus pour brouter et manger de petites quantités de nourriture tout au long de la journée. Une restriction de l’accès au fourrage laisse l’estomac vide pendant de longues périodes, exposant la muqueuse à l’acide gastrique sans le tampon protecteur fourni par la nourriture.

Stress physique et psychologique – Le stress joue un rôle majeur dans la genèse des ulcères gastriques. Que ce soit le stress dû à un entraînement intensif, au transport, au changement d’environnement, ou à l’isolement social, il peut entraîner une augmentation de la production d’acide gastrique et une diminution de la circulation sanguine vers l’estomac, affaiblissant ainsi les mécanismes de défense de la muqueuse.

Stress lié à l’entraînement – L’exercice intense peut augmenter la pression abdominale, poussant l’acide gastrique vers la partie supérieure de l’estomac où la muqueuse est moins résistante aux effets de l’acide, augmentant ainsi le risque d’ulcères.

Utilisation d’AINS – Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme le phénylbutazone sont fréquemment utilisés chez les chevaux pour le traitement de la douleur et de l’inflammation. Cependant, ils peuvent également diminuer la production de mucus protecteur et bicarbonate, essentiels à la protection de la muqueuse gastrique contre l’acidité, augmentant ainsi le risque d’ulcération.

Changements soudains – Les changements brusques dans l’alimentation, l’environnement, ou le programme d’entraînement peuvent être des facteurs de stress significatifs pour les chevaux, augmentant leur vulnérabilité aux ulcères gastriques.

Comment soigner les ulcères gastriques chez le cheval?

Le traitement des ulcères gastriques chez les chevaux implique une approche combinée qui vise à réduire la production d’acide dans l’estomac, à protéger la muqueuse gastrique, et à modifier les facteurs de gestion qui ont contribué à l’apparition de l’ulcère.

La combinaison d’un traitement médicamenteux, de modifications alimentaires, et d’une meilleure gestion du stress est essentielle pour non seulement traiter les ulcères existants mais aussi prévenir leur récidive.

1. Comment savoir si un cheval à un ulcère?

Le diagnostic précis des ulcères gastriques chez le cheval est une étape cruciale pour assurer un traitement adapté et efficace. Bien que les signes et symptômes puissent orienter vers une suspicion d’ulcères, des méthodes diagnostiques spécifiques sont nécessaires pour confirmer leur présence, leur localisation et leur sévérité.

La gastroscopie est la méthode de référence pour le diagnostic des ulcères gastriques. Cette procédure implique l’insertion d’un gastroscope, un long tube flexible équipé d’une caméra, dans l’estomac du cheval via les narines. Avant l’examen, le cheval doit jeûner pendant une période spécifique pour assurer que l’estomac soit vide, permettant une visualisation claire de la muqueuse gastrique.

La gastroscopie offre une évaluation directe de la santé de la muqueuse gastrique, révélant la présence, la localisation, et la gravité des lésions ulcéreuses. Elle permet également de distinguer les ulcères gastriques d’autres conditions pouvant présenter des symptômes similaires.

En plus de la gastroscopie, une évaluation clinique complète par un vétérinaire est essentielle. Cette évaluation inclut un examen physique approfondi, un historique détaillé des symptômes observés, des habitudes alimentaires, du niveau de stress, et des routines d’entraînement du cheval. Les réponses à des traitements préliminaires peuvent également fournir des indices utiles.

2. Traitement des ulcères gastriques

Une fois le diagnostic d’ulcères gastriques chez le cheval confirmé, l’élaboration d’un plan de traitement efficace est essentielle pour la guérison et le rétablissement de l’animal. Le traitement des ulcères gastriques équins est multifacette, combinant l’utilisation de médicaments, des ajustements alimentaires et des modifications de la gestion du cheval pour réduire le stress.

Médicaments:

  • L’oméprazole est le médicament de choix pour réduire la production d’acide gastrique et permettre aux ulcères de guérir. Administré par voie orale, il est efficace pour traiter les ulcères et prévenir leur récidive.
  • Les bloqueurs des récepteurs H2 tels que la ranitidine peuvent aussi être utilisés pour réduire la sécrétion d’acide gastrique, bien que leur utilisation soit moins courante que l’oméprazole.
  • Le sucralfate peut être prescrit pour recouvrir la muqueuse gastrique et protéger les zones ulcérées contre l’acidité, favorisant ainsi la guérison.
  • Dans certains cas, les antiacides peuvent être utilisés pour neutraliser l’acide gastrique, offrant un soulagement temporaire, surtout avant l’exercice ou le stress.

Modifications alimentaires et de gestion:

  • Fournir un accès constant au foin ou à l’herbe aide à stimuler la mastication et la production de salive, qui a un effet tampon contre l’acide gastrique.
  • Diminuer la quantité d’aliments concentrés et augmenter la part de fibres dans le régime pour réduire la production d’acide gastrique.
  • Offrir de petits repas fréquents plutôt que quelques gros repas pour éviter de longues périodes avec un estomac vide.
  • Certains aliments, comme ceux à base de luzerne, peuvent aider à tamponner l’acide gastrique grâce à leur teneur élevée en calcium.

Gestion du stress:

  • Assurer un environnement de vie confortable, avec suffisamment d’espace et de temps passé à l’extérieur, peut réduire le stress et favoriser le bien-être.
  • Maintenir une routine quotidienne stable pour diminuer l’anxiété et le stress chez le cheval.

Un suivi régulier avec un vétérinaire est crucial pour évaluer la réponse au traitement et ajuster le plan si nécessaire. Dans certains cas, une gastroscopie de suivi peut être recommandée pour confirmer la guérison des ulcères.

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ulcère cheval

3. Prévention des ulcères gastriques

La prévention des ulcères gastriques chez le cheval est fondamentale pour maintenir la santé et le bien-être de l’animal. Une approche proactive, centrée sur la gestion alimentaire, la réduction du stress et une attention particulière à l’utilisation de médicaments, peut grandement diminuer le risque de développement d’ulcères.

Comme nous l’avons déjà vu, assurer un accès libre ou fréquent au foin ou à l’herbe stimule la production continue de salive, un tampon naturel contre l’acidité gastrique. Idéalement, les chevaux ne devraient pas passer plus de quatre heures sans manger. Quand l’utilisation de concentrés est nécessaire, privilégier des repas petits et fréquents pour éviter de surcharger l’estomac et stimuler une production excessive d’acide.

De plus, les chevaux prospèrent avec une routine stable. Minimiser les changements dans l’alimentation, l’hébergement, et les sorties aide à réduire le stress. Il est également important de fournir un environnement de vie confortable et stimulant, avec suffisamment d’espace pour bouger et la possibilité de socialiser avec d’autres chevaux.

Concernant le travail du cheval, il faut savoir adapter les programmes d’entraînement pour éviter le surmenage et le stress physique excessif. Des périodes de repos adéquates et une progression graduelle de l’intensité de l’entraînement sont essentielles.

Enfin, l’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens doit être surveillée étroitement par un vétérinaire, en évaluant soigneusement le rapport bénéfice/risque et en limitant leur utilisation autant que possible.

La clé de la prévention des ulcères gastriques chez le cheval réside dans une approche globale qui prend en compte les besoins naturels de l’animal en termes d’alimentation, de soins, et d’environnement. En adoptant des pratiques de gestion qui favorisent le bien-être physique et émotionnel du cheval, il est possible de minimiser significativement le risque d’ulcères gastriques.

Conclusion

La santé gastrique des chevaux est un domaine qui requiert une attention minutieuse et une approche proactive de la part des propriétaires, des entraîneurs et des soignants. Les ulcères gastriques, bien que courants, ne doivent pas être considérés comme une fatalité.

Grâce à une compréhension approfondie de leurs causes, de leurs signes et symptômes, ainsi que des stratégies de diagnostic et de traitement efficaces, il est possible de gérer cette condition avec succès et de prévenir sa réapparition.

La prévention joue un rôle clé dans la gestion de la santé gastrique équine. Des pratiques de gestion alimentaire optimisées, la réduction du stress, une utilisation judicieuse des médicaments, et une surveillance régulière sont autant de mesures préventives qui contribuent à maintenir le bien-être digestif des chevaux.

Il est crucial pour les propriétaires et les soignants d’être vigilants et réactifs aux premiers signes de trouble, permettant ainsi une intervention rapide et efficace.