Les allures du cheval sont au cœur de la relation entre le cavalier et sa monture. Comprendre comment un cheval se déplace, à quel rythme, avec quelle régularité et dans quel but, permet de mieux communiquer avec lui, d’améliorer son équilibre et de développer ses capacités. Maîtrisées, les allures sont un langage à part entière, qu’il s’agit d’apprendre à lire et à utiliser.
Cet article vous propose une immersion dans les allures du cheval: naturelles, particulières, défectueuses, mais aussi dans les transitions et les variations qui affinent le travail à cheval.
Les allures naturelles du cheval
Les allures naturelles sont innées chez tous les chevaux. Elles correspondent aux modes de déplacement que l’on peut observer spontanément dans un troupeau en liberté. Chacune possède ses propres caractéristiques rythmiques et mécaniques, et joue un rôle fondamental dans l’entraînement, la santé et le bien-être du cheval.
➡️ Le pas
Le pas est l’allure du cheval la plus lente, une allure à quatre temps où chaque pied se pose de façon indépendante. Elle est stable, symétrique et très confortable.
Le pas est l’allure de la détente, de la mise en confiance, de la promenade, mais aussi du travail de fond, où le cheval peut apprendre à se poser, à céder, à s’incurver. Elle permet aussi de travailler la rectitude, la relaxation et la coordination des aides. C’est une allure indispensable pour construire les bases.

➡️ Le trot
Le trot est une allure à deux temps où le cheval déplace simultanément un diagonal (antérieur droit + postérieur gauche, puis inversement), avec une phase de suspension entre chaque temps. C’est une allure sautillante, dynamique, qui permet de développer le souffle, la musculature et l’équilibre.
Elle est particulièrement utile pour détecter les irrégularités de locomotion, car toute asymétrie devient vite visible. On l’utilise beaucoup pour l’entraînement, le dressage, mais aussi l’obstacle et les jeux équestres.

➡️ Le galop
Le galop est une allure à trois temps, suivie d’une phase de suspension. Elle est plus rapide, plus ample, et demande de l’engagement. Le galop est asymétrique: le cheval galope « à droite » ou « à gauche » selon la jambe d’appel (celle qui se pose en dernier).
En extérieur comme en manège, le galop permet de travailler la propulsion, la cadence, mais aussi le contrôle de la vitesse. Il est aussi un indicateur clé du niveau de réponse du cheval aux aides et de sa capacité à se rassembler ou s’équilibrer.

➡️ Le reculer (optionnel mais utile)
Le reculer est une allure du cheval rétrograde à deux temps diagonaux inversés. Peu utilisée naturellement, elle est enseignée au cheval en dressage ou dans certaines disciplines (travail à pied, équitation western).
Elle permet de tester la légèreté, le calme, et la compréhension des aides. Elle mobilise particulièrement les postérieurs et favorise l’engagement, tout en exigeant une bonne connexion entre le cheval et son cavalier.
Les allures particulières ou spécifiques à certaines races
Certaines races de chevaux possèdent des allures dites particulières ou spécifiques, qui ne sont pas partagées par toutes les races. Ces allures sont soit innées chez le cheval (transmises génétiquement), soit développées par un entraînement spécifique. Leur particularité est de proposer une locomotion originale, souvent plus confortable pour le cavalier, et parfois spectaculaire en concours ou en spectacle. Elles sont un élément culturel fort dans certaines régions du monde.
➡️ Le tölt
Allure emblématique du cheval islandais, le tölt est une allure à quatre temps, très fluide, sans phase de suspension. Contrairement au trot, elle n’est pas saccadée, ce qui la rend extrêmement confortable pour le cavalier. Elle permet de couvrir de longues distances sans fatiguer ni le cheval ni le cavalier.
Le tölt peut s’exécuter à différentes vitesses, allant du pas rapide jusqu’au galop modéré, tout en maintenant une grande stabilité. C’est une allure valorisée lors des compétitions islandaises, où la qualité du mouvement et le port sont jugés.

➡️ L’amble
L’amble est une allure à deux temps latéraux (les deux membres du même côté se déplacent ensemble). Elle est naturelle chez certaines races comme le Tennessee Walker, le Paso Fino, ou les chevaux ibériques, et peut également être travaillée pour les autres races.
L’amble est souvent perçue comme plus douce que le trot car elle supprime le rebond, ce qui améliore le confort du cavalier, notamment sur de longues distances. Il existe plusieurs formes d’amble: l’amble battu, l’amble volant ou encore le « single-foot » chez certaines lignées américaines.
➡️ Le paso (fino, llano, corto…)
Présentes chez les races sud-américaines comme le Paso Fino ou le Paso Péruvien, ces allures sont des variantes d’amble très cadencées, rythmées, et réalisées à des vitesses variées. Le paso fino est extrêmement rapide et court, avec une cadence très précise, tandis que le paso llano est plus fluide et régulier. Le paso corto est une allure intermédiaire entre les deux.
Ces allures du cheval sont souvent utilisées dans les concours de présentation où l’on juge la régularité, le style, la légèreté et l’élégance du déplacement. Elles témoignent aussi de siècles de sélection et de tradition équestre en Amérique latine.
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Les allures défectueuses: quand le mouvement devient irrégulier
Certaines allures peuvent perdre leur régularité, leur rythme ou leur symétrie. On parle alors d’allures défectueuses. Ces défauts sont souvent les premiers signaux visibles d’un déséquilibre physique, d’un problème de santé, ou d’une erreur dans le travail du cheval.
Qu’est-ce qu’une allure défectueuse?
Il s’agit d’une allure irrégulière, incorrecte, qui ne respecte plus les temps attendus ni la mécanique naturelle du déplacement. Cela peut être un signe de souffrance (douleur musculaire, articulaire ou tendineuse), de fatigue, d’erreur de ferrure, de selle inadaptée, ou encore de mauvaise posture ou d’entraînement inapproprié. Une allure défectueuse peut être le précurseur d’une boiterie ou d’une perte d’équilibre, voire révéler une compensation liée à une gêne ancienne.
👉 Exemples d’allures défectueuse:
- Trot à 4 temps – irrégularité du rythme, souvent causée par un membre douloureux, une inégalité d’appui ou une boiterie naissante.
- Galop désuni – les postérieurs galopent d’un côté (par exemple à gauche) pendant que les antérieurs sont sur l’autre main (à droite). Cela reflète souvent un manque d’équilibre, de souplesse ou une faiblesse musculaire.
- Galop à 4 temps – au lieu des 3 temps normaux, l’allure devient désorganisée, signe d’une mauvaise propulsion ou d’un cheval qui galope « à plat », souvent fatigué ou mal engagé.
- Pas irrégulier ou traînant – un cheval qui traîne les postérieurs ou qui marche en déséquilibre peut présenter des tensions dorsales ou des problèmes articulaires.
- Amble involontaire – lorsque des chevaux non prédisposés génétiquement se mettent à ambler, cela peut signaler un blocage du dos ou une tension dans les épaules.
Que faire si mon cheval présente une allure défectueuse?
Il est crucial de ne pas ignorer ces signaux. En cas d’allure suspecte, il faut:
- Observer attentivement le cheval en liberté et sous la selle, sur différents types de sols et à différentes allures.
- Faire appel à un professionnel (vétérinaire, ostéopathe équin, maréchal-ferrant) pour établir un diagnostic précis.
- Adapter le travail en réduisant l’intensité ou en réorientant les exercices vers des objectifs de souplesse, d’étirement et de rééducation.
- Réviser l’équipement (selle, filet, embouchure, etc.) pour s’assurer qu’il est bien ajusté et ne cause pas de gêne.
👉 Identifier et corriger les allures défectueuses est fondamental pour préserver la santé du cheval, assurer son bien-être et maintenir une progression harmonieuse dans son entraînement.
Transitions et variations: finesse du travail équestre
Travailler les allures du cheval ne se limite pas à les connaître: c’est aussi apprendre à les enchaîner, les modifier, les nuancer. Les transitions et variations permettent de véritablement affiner le dialogue entre le cavalier et son cheval, en rendant les aides plus subtiles, et le cheval plus à l’écoute, réactif, et équilibré.
➡️ Les changements d’allure
Passer du pas au trot, du trot au galop ou inversement: ces transitions sont un excellent outil pour travailler la réactivité, l’impulsion et la disponibilité du cheval. Elles renforcent aussi l’attention du cavalier et son timing dans l’utilisation des aides.
Le travail des transitions ascendantes (vers une allure plus rapide) permet de développer l’engagement des postérieurs et la poussée, tandis que les transitions descendantes (vers une allure plus lente) améliorent le contrôle, la réaction au frein, et la stabilité de l’attitude.
Les transitions rapprochées, dans une même ligne droite ou un cercle, sont aussi un exercice redoutablement efficace pour gagner en concentration et en réglage fin.
➡️ Les variations d’allure
Elles consistent à faire varier l’allure du cheval sans en changer: trot de travail, trot allongé, trot rassemblé, etc. Cela permet d’affiner le dos, de développer la musculature, d’améliorer la réponse à l’impulsion et de favoriser l’engagement des postérieurs.
En dressage, ces variations sont au cœur du travail de réunion et de mise en main. Elles permettent de gagner en portée, en cadence, et d’exiger plus de verticalité dans le mouvement. Pour le cavalier, elles nécessitent un sens de l’équilibre très fin, car tout est dans la subtilité: un simple déplacement de l’assiette ou une variation de tension dans les rênes peut suffire à provoquer le changement.
👉 Ces exercices sont des fondations essentielles en dressage, mais aussi utiles dans toutes les disciplines: en saut d’obstacles pour ajuster l’abord, en extérieur pour gérer les terrains, ou en travail à pied pour renforcer la communication et la légèreté. Ils donnent de la finesse, du contrôle et de la fluidité à l’ensemble du travail équestre.
Les allures du cheval ne sont pas de simples vitesses de déplacement: elles sont une fenêtre ouverte sur son état physique, mental et sur la qualité de la relation avec le cavalier. Observer, comprendre et travailler les allures, c’est affiner sa communication, respecter la nature du cheval et progresser ensemble avec harmonie. Que ce soit au pas tranquille d’une balade ou dans l’expression puissante d’un galop rassemblé, chaque allure est une histoire en mouvement.