incurvation cheval
  • Dernière modification de la publication :27 juillet 2024
  • Post category:Technique & Exercices
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L’incurvation du cheval, concept fondamental de l’équitation, est bien plus qu’une simple technique de dressage – c’est une clé vers une harmonie profonde entre cavalier et monture, essentielle à la performance et au bien-être du cheval.

Si vous n’êtes pas capable d’incurver votre cheval correctement, vous ne pourrez pas effectuer des cercles, des virages ou des angles précis, ni le positionner correctement pour les mouvements latéraux. 

Cet article se propose de plonger au cœur de l’incurvation, explorant non seulement sa définition et ses principes de base, mais également son rôle crucial dans le développement physique et mental du cheval.

À travers une compréhension approfondie de l’importance de l’incurvation, nous aborderons des méthodes éprouvées pour améliorer la souplesse et la mobilité du cheval, offrant ainsi un guide pratique pour les cavaliers désireux de perfectionner cette compétence.

Comprendre l’incurvation en équitation

L’incurvation est fondamentale dans de nombreuses disciplines équestres, y compris le dressage et le saut d’obstacles. Elle est essentielle pour la performance et le bien-être du cheval, permettant des mouvements plus fluides, naturels et efficaces.

1. Qu’est-ce que l’incurvation du cheval?

L’incurvation du cheval est un concept clé en équitation qui se réfère à la courbure du corps du cheval le long de la ligne de son mouvement. Cette incurvation est plus prononcée du côté vers lequel le cheval se dirige. L’objectif est d’aligner le corps du cheval de manière à ce qu’il soit courbé autour de la jambe intérieure du cavalier, permettant ainsi une meilleure maniabilité, équilibre et réactivité.

L’incurvation correcte signifie que la tête du cheval est légèrement tournée vers l’intérieur du cercle ou de la courbe sur laquelle il se déplace, tandis que son corps suit cette courbure de la tête à la queue. Idéalement, cette courbure est uniforme le long de son corps.

Bien que la colonne vertébrale ne puisse pas se plier latéralement, le cheval peut créer cette courbure en rentrant les postérieurs et les épaules, en pliant l’encolure et en fléchissant la nuque, en contractant la cage thoracique à l’intérieur et en l’étirant à l’extérieur.

Si le cheval s’incurve correctement, son axe longitudinal est aligné sur la ligne courbe qu’il suit. Ainsi, vue d’en haut, la colonne vertébrale du cheval s’aligne sur la piste incurvée. La capacité d’incurvation du cheval fait généralement référence à sa souplesse et sa flexibilité latérale.

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2. La différence entre incurvation et flexion

N’oubliez pas qu’il y a une différence entre l’incurvation et la flexion. L’incurvation concerne l’ensemble du corps du cheval et, lorsque l’incurvation est correcte, le cheval est incurvé de manière uniforme au niveau de l’encolure et du corps.

La flexion est la capacité du cheval à tourner son encolure latéralement, sans nécessairement incurver tout son corps. Si le cheval se déplace en ligne droite, vous pouvez fléchir son encolure vers la droite ou la gauche sans courber le reste du corps. Une incurvation correcte inclut l’encolure, mais la flexion ne concerne que l’encolure. Un cheval peut donc faire une flexion sans s’incurver, mais ne peut pas s’incurver sans flexion.

L’incurvation concerne le corps entier du cheval et est spécifique à la direction du mouvement, tandis que la flexion concerne principalement l’encolure, indépendamment de la direction du mouvement.

L’objectif de l’incurvation est d’améliorer l’équilibre et la maniabilité du cheval dans les virages, tandis que la flexion vise à augmenter la souplesse de l’encolure et à encourager une bonne posture.

3. L’importance de l’incurvation

L’incurvation est d’une importance capitale en équitation pour plusieurs raisons, touchant à la fois à la performance, à la communication entre le cavalier et le cheval, ainsi qu’à la santé et au bien-être de l’animal. Voici les principaux aspects qui soulignent l’importance de l’incurvation:

  • Équilibre et stabilité – L’incurvation aide le cheval à maintenir un équilibre optimal lorsqu’il se déplace en cercles ou sur des courbes. En alignant son corps de manière à ce qu’il soit courbé autour de la jambe intérieure du cavalier, le cheval peut répartir son poids plus uniformément, ce qui contribue à une meilleure stabilité et réduit le risque de perte d’équilibre.
  • Souplesse et mobilité – Travailler sur l’incurvation améliore la souplesse et la mobilité du cheval. Cela aide à prévenir la rigidité et à encourager le cheval à devenir plus réactif aux aides du cavalier. Une bonne incurvation permet au cheval de se déplacer de manière plus fluide et naturelle, ce qui est essentiel pour toutes les disciplines équestres.
  • Performance dans les disciplines équestres – Dans de nombreuses disciplines équestres, comme le dressage ou le saut d’obstacles, l’incurvation est essentielle pour exécuter correctement les mouvements et les parcours. Une bonne incurvation permet des transitions plus douces, des virages plus serrés, un meilleur équilibre et une présentation plus esthétique, ce qui peut influencer positivement les résultats en compétition.
  • Développement musculaire équilibré – L’incurvation contribue au développement d’une musculature équilibrée en sollicitant les muscles de manière uniforme des deux côtés du corps. Cela est crucial pour éviter les déséquilibres musculaires qui peuvent mener à des problèmes de posture et de performance.

Si le cheval ne s’incurve pas uniformément et correctement, une ou plusieurs des choses suivantes se produiront lorsque vous tenterez d’effectuer un cercle ou un virage: 

  • Le cheval tombe à l’intérieur ou à l’extérieur sur l’épaule. 
  • Le cheval bascule ses hanches vers l’extérieur. 
  • Les postérieurs du cheval se croisent au lieu de rester sur la même piste. 
  • Le cheval se penche vers l’intérieur.

Comment demander une incurvation?

Demander une incurvation à votre cheval implique une combinaison d’aides du cavalier qui travaillent ensemble pour encourager le cheval à courber son corps autour de la jambe intérieure du cavalier tout en maintenant une direction et un rythme constants. Voici les aides à utiliser pour demander une incurvation, ainsi que des conseils et exercices pratiques.

1. Les aides pour incurver un cheval

Pour demander une incurvation à cheval, le cavalier doit utiliser une combinaison d’aides coordonnées impliquant son assiette, ses jambes et ses mains. Ces aides doivent être appliquées de manière subtile et harmonieuse pour encourager le cheval à courber son corps autour de la jambe intérieure du cavalier, sans tension ni résistance.

L’assiette du cavalier

Le cavalier doit orienter légèrement son corps dans la direction du mouvement, avec les épaules tournant autour de l’axe de la colonne vertébrale, en direction de l’incurvation souhaitée. Cette orientation aide à guider le cheval dans la direction correcte.

Le poids du cavalier doit être légèrement déplacé vers l’assise intérieure (du côté de la courbe) pour aider le cheval à s’incurver et à maintenir son équilibre dans la courbe.

Les jambes

La jambe intérieure doit être positionnée à la sangle, agissant comme un point autour duquel le cheval peut s’incurver. Elle encourage le cheval à plier son corps et à se déplacer vers l’avant et vers le bas.

La jambe extérieure, légèrement en arrière par rapport à sa position normale, sert à maintenir les hanches du cheval alignées et à empêcher son arrière-main de dévier vers l’extérieur.

Les mains

La rêne intérieure est utilisée pour demander la flexion de l’encolure du cheval vers l’intérieur. Il s’agit d’une invitation légère pour que le cheval suive la direction de l’incurvation, sans tirer ni exercer une pression excessive.

La rêne extérieure agit comme un soutien, encadrant le cheval et l’empêchant de se déverser vers l’extérieur. Elle doit être maintenue avec une tension constante mais modérée, pour créer une barrière douce contre laquelle le cheval peut s’appuyer légèrement.

Regard et position de la tête

Le cavalier doit diriger son regard dans la direction de l’incurvation, car cela aide naturellement à orienter le reste du corps et à fournir des indices visuels au cheval sur la direction à prendre.

La position de la tête et du cou du cavalier doit rester naturelle et alignée avec son corps, évitant de se pencher excessivement vers l’intérieur ou l’extérieur de la courbe.

2. Le « mauvais » côté du cheval

Pour obtenir plus de souplesse, vous devez travailler à l’améliorer chaque jour un petit peu et à aider votre cheval à faire exactement le contraire de ce qu’il veut faire avec son corps.

Comme les humains, les chevaux ont un côté préféré et ont tendance à se plier plus naturellement et plus facilement de ce côté que de l’autre. Souvent, nous pensons que le « mauvais » côté du cheval est celui qui est le plus raide, par exemple le côté droit lorsqu’il a du mal à se plier à main droite. Mais en général, c’est le côté opposé (ici le côté gauche) qui est raide.

Pourquoi cela? Parce qu’à main droite, c’est le côté gauche du cheval et ses muscles qui doivent vraiment s’étirer et s’ouvrir parce qu’ils sont à l’extérieur. Le côté droit du cheval est contracté et court. Ce sont donc les muscles gauches qui luttent pour s’assouplir et s’étirer. Cela dit, vous pouvez également constater que la mâchoire et la queue du cheval sont serrées ou ne cèdent pas à la mauvaise main.

Les dresseurs doivent donc aider le cheval à développer sa capacité à s’incurver de manière égale des deux côtés, ce qui développe le même tonus musculaire, la même souplesse et la même flexibilité et a un impact direct et significatif sur l’équilibre général du cheval.

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3. Améliorer la souplesse

La plupart des dresseurs cherchent à améliorer la souplesse de l’incurvation de leurs chevaux. En d’autres termes, ils veulent aider leurs chevaux à développer leur capacité à se plier de la tête à la queue et à améliorer leur souplesse et leur flexibilité. La force et le tonus musculaire jouent un rôle important dans l’incurvation des chevaux.

Le cheval a besoin de force physique pour pouvoir courber son corps en mouvement s’il veut maintenir son équilibre général en gardant ses membres sous son corps et en conservant le mouvement vers l’avant, le rassemblé et l’impulsion.

Comme nous l’avons mentionné, les chevaux ont tendance à s’incurver plus facilement d’un côté et, par conséquent, le côté opposé sera plus faible aux premiers stades de l’apprentissage de l’incurvation.

La plupart des exercices d’assouplissement et de flexion exigent que le corps du cheval fléchisse considérablement lorsqu’il est engagé dans un mouvement vers l’avant. Ces mouvements peuvent être incroyablement éprouvants pour le corps du cheval et doivent être utilisés avec modération, en particulier au début.

Il est donc extrêmement important que les cavaliers et les entraîneurs soient toujours attentifs au bien-être et à la sécurité de leurs chevaux pendant ces exercices.

Commencer par la flexion

Comme nous l’avons mentionné plus haut, il est impossible d’avoir l’incurvation sans flexion. Mais il est possible de fléchir sans incurvation – et apprendre à fléchir l’encolure de façon isolée est un bon début pour améliorer la souplesse.

Commencez à l’arrêt (ou même au sol). Saisissez doucement la rêne du côté où vous voulez fléchir le cheval et exercez une légère pression en ouvrant votre main. Si le cheval se penche, vous pouvez jouer légèrement avec vos doigts pour l’empêcher de s’y opposer.

Dès que vous sentez une légère flexion, relâchez la pression. Vous devrez soutenir légèrement avec la rêne opposée, car vous voulez seulement qu’il assouplisse le haut de l’encolure (la nuque). Répétez cet exercice jusqu’à ce que votre cheval puisse se fléchir facilement vers la gauche ou la droite sans résistance et en gardant l’encolure plus ou moins droite.

A partir de là, vous pouvez travailler la flexion et la contre-flexion au pas, au trot et au galop, en les fléchissant légèrement vers l’intérieur puis vers l’extérieur pendant l’échauffement pour aider à assouplir les deux côtés du corps.

Cercles et spirales

Une activité qui peut s’avérer très avantageuse pour le développement de l’incurvation est le travail sur des cercles variés, tout en maintenant une incurvation égale sur l’ensemble de son corps. La variation de la taille et de la vitesse des cercles permet au cheval d’obtenir différents degrés d’incurvation et différentes impulsions pour réaliser ces incurvations.

Au cours de ces exercices, il est important de ne pas oublier de faire travailler le cheval aux deux mains afin de solliciter les muscles des deux côtés du corps de manière égale et de développer une incurvation régulière tout en favorisant l’équilibre, la souplesse et la flexibilité globales.

Par exemple, vous pouvez commencer sur un cercle de 20 m au pas ou au trot (en fonction de la rigidité ou de la difficulté de votre cheval à s’incurver) et demandez un ou deux cercles plus petits de 8 à 10 m avant de revenir au cercle de 20 m. Sur le petit cercle, concentrez-vous sur l’incurvation du cheval autour de votre jambe et sur le pli intérieur.

Veillez à garder le contact avec la rêne extérieure lorsque vous modifiez la taille du cercle, afin que le cheval ne tombe pas sur l’épaule. Lorsque vous vous déplacez vers l’intérieur, gardez l’incurvation intérieure et appliquez vos aides – l’utilisation de la jambe intérieure est essentielle pour s’assurer que le cheval ne tombe pas sur l’épaule intérieure. Au fur et à mesure que le cercle se rétrécit, le cheval doit se plier davantage et éprouvera des difficultés. Il faut donc veiller à ne pas réduire le cercle au point de lui faire perdre le rythme et l’équilibre.

Demander au cheval de faire un ou deux pas en session à la jambe lorsqu’il se déplace vers l’extérieur à partir d’un petit cercle peut également l’aider à se plier et à assouplir sa cage thoracique.

La contre-incurvation

Supposons que votre cheval soit difficile à incurver à main droite, comme dans l’exemple précédent. Nous avons déjà établi qu’il est probablement raide du côté gauche.

Vous pouvez l’aider à s’assouplir en demandant une contre-incurvation vers la droite lorsque vous êtes à main gauche. Souvent, les chevaux ont plus de facilité à le faire qu’à se pencher correctement du mauvais côté, même si ce sont les mêmes muscles qui s’étirent.

En travaillant sur des cercles de différentes tailles et en augmentant progressivement la vitesse de déplacement, demandez alternativement au cheval une incurvation classique, mais également des contre-incurvations. Cela permet de développer sa réactivité générale à vos aides tout en équilibrant sa capacité à plier les deux côtés de manière égale.

Bien que cela puisse être un défi pour vous deux, les effets de ce type d’exercices sont extraordinaires. Veillez à prendre votre temps et à effectuer les exercices avec soin afin de garantir une bonne incurvation et une bonne exécution de la technique.


Être capable d’incurver correctement le cheval dans les cercles, les coins et les virages ne vous permettra pas seulement d’obtenir de bonnes notes lors d’une reprise de dressage, mais c’est également crucial pour la progression du cheval, quelque soit la discipline pratiquée. 

Tout d’abord, vous devez comprendre comment le cheval crée l’incurvation avec son corps et comment appliquer vos aides correctement. Deuxièmement, vous devez lui demander de s’incurver de manière égale et uniforme dans les deux directions au cours de chaque séance d’entraînement sur des cercles, des virages et des exercices qui sont à sa portée. 

Avec le temps, le cheval deviendra plus souple latéralement, ce qui signifie qu’il sera capable de produire plus d’incurvation à travers son corps, vous permettant ainsi d’effectuer de petits cercles et des virages plus serrés.