Au cœur de l’équitation se trouve un concept fondamental qui façonne chaque mouvement et chaque interaction entre le cavalier et son cheval: la rectitude. Ce principe, présent dans l’échelle de progression en dressage, joue un rôle crucial dans la performance quelque soit la discipline ainsi que dans le bien-être et la longévité de l’animal.
Tout comme les humains sont droitiers ou gauchers, les chevaux ont également un côté qu’ils préfèrent et auquel ils sont plus faciles au travail. Un cavalier peut gêner la rectitude d’un cheval, mais heureusement, il peut aussi l’améliorer.
Dans cet article, nous plongerons dans les subtilités de la rectitude du cheval, en explorant son essence, son importance vitale en équitation et en dévoilant des stratégies pratiques pour améliorer cet aspect essentiel à l’entraînement.
Qu’est-ce que la rectitude du cheval?
Avant de définir la rectitude du cheval, il est important de se rendre compte d’un fait essentiel sur la façon dont les chevaux sont construits. D’un point de vue conformationnel, l’arrière main est plus étendue que l’avant main. Cela signifie que les empreintes des postérieurs d’un cheval sont naturellement plus écartées que les empreintes des antérieurs, et qu’il ne marche pas avec les postérieures directement dans l’alignement des antérieures.
La rectitude élémentaire ou de base est ce que nous recherchons dès que nous commençons à travailler un cheval, et c’est souvent ce à quoi les instructeurs ou les cavaliers font référence lorsqu’ils disent « gardez-le droit », en particulier dans les premiers temps.
La rectitude élémentaire, c’est lorsqu’un cheval travaille de manière égale aux deux mains. Cependant, les empreintes des postérieurs sont toujours plus grandes que les empreintes des antérieurs en raison de la conformation naturelle. En d’autres termes, les postérieurs suivent l’axe des antérieurs mais avancent plus loin.
La rectitude véritable est obtenue lorsque l’arrière main et l’avant main sont complètement alignés, de sorte que les postérieurs suivent parfaitement dans la trace des antérieurs. Ce qui est beaucoup plus difficile à faire qu’à dire!
Un cheval doit être très souple et très fort pour se déplacer avec une parfaite rectitude, car le postérieur intérieur doit se placer correctement sous le corps et supporter le poids. S’il n’est pas souple et fort, il ne pourra pas fléchir et plier suffisamment la colonne vertébrale et le jarret pour supporter le poids supplémentaire – et l’évitera en gardant les postérieurs sur une trajectoire plus large que les antérieurs.
1. Rectitude latérale et rectitude longitudinale
En équitation, la distinction entre rectitude latérale et rectitude longitudinale concerne différentes dimensions du positionnement et du mouvement du cheval.
Rectitude latérale
La rectitude latérale fait référence à l’alignement des épaules et des hanches du cheval de manière à ce que son corps soit droit et aligné parallèlement à la direction du mouvement. Cela signifie que, dans une ligne droite ou même sur une courbe, les épaules et les hanches du cheval doivent rester alignées et les postérieurs doivent suivre les traces des antérieurs.
Cela évite que le cheval ne se déplace en « serpentant » ou en inclinant son corps d’un côté ou de l’autre. Travailler sur la rectitude latérale aide à prévenir le développement musculaire asymétrique et à assurer une répartition équilibrée du poids sur tous les membres.
Rectitude longitudinale
La rectitude longitudinale, en revanche, concerne l’alignement du cheval du nez à la queue, accentuant l’importance de l’engagement des postérieurs sous la masse corporelle et un bon port de tête et d’encolure. Cela implique un dos droit et un cheval qui se « porte » bien, utilisant efficacement son corps pour se déplacer.
Cette forme de rectitude est cruciale pour obtenir un bon rassembler, où le cheval semble compacter son corps et rassembler son énergie pour une meilleure maniabilité et réactivité.
2. Définition de la rectitude
Maintenant que vous en savez un peu plus sur la rectitude élémentaire, véritable, latérale et longitudinale, peut-être avez-vous compris qu’un cheval peut être droit même lorsqu’il tourne ou effectue des déplacements latéraux.
D’après l’explication de la rectitude ci-dessus, il est clair qu’elle ne se réfère pas à la direction dans laquelle le cheval se déplace. Il s’agit plutôt de la façon dont le cheval se déplace et utilise son corps.
La définition de la FEI de la rectitude est la suivante: « Le cheval est droit lorsque son avant-main est aligné avec son arrière-main, c’est-à-dire lorsque l’axe longitudinal est aligné avec la ligne droite ou la courbe qu’il suit ».
En principe, le cheval doit se déplacer en ligne droite de la tête à la queue, la colonne vertébrale suivant la direction du mouvement. Ainsi, dans un cercle, la colonne vertébrale est incurvée pour suivre la courbure du cercle, mais l’avant-main et l’arrière-main sont toujours totalement alignés. Si vous regardez le cheval d’en haut, les postérieurs marchent dans le même sens que les empreintes des antérieurs.
L’importance de la rectitude
Un cheval droit est mieux équilibré et peut se déplacer de manière plus symétrique. Cela facilite la réalisation de mouvements complexes en dressage, en saut d’obstacles, ou lors de toute autre discipline équestre. Un cheval bien équilibré porte avec aisance son cavalier et est également plus agréable et plus sûr à monter.
Le travail sur la symétrie musculaire améliore la rectitude ou l’équilibre latéral de votre cheval et le rend de plus en plus souple. Un cheval droit a également moins de risques de se blesser. En effet, la rectitude aide à distribuer le poids et la charge de travail de manière égale sur les quatre membres, protégeant les articulations, les tendons et les muscles de l’usure asymétrique.
La rectitude latérale et la rectitude longitudinale sont essentielles en dressage et dans d’autres disciplines équestres car elles influencent directement la capacité du cheval à exécuter des mouvements avec précision, à maintenir son équilibre et à réagir de manière symétrique aux aides du cavalier. Un cheval bien droit dans ces deux dimensions est plus apte à performer dans les disciplines équestres et est généralement plus confortable à monter, étant donné que son mouvement est plus fluide et harmonieux.
1. La symétrie affecte la qualité de l’équitation
Lorsque la symétrie de votre cheval est correcte, vous remarquerez qu’elle a une grande influence sur la qualité de ses allures et des exercices que vous faites. Ce qui implique généralement:
- Une meilleure cadence (rythme et régularité).
- Vous pouvez effectuer tous vos exercices plus facilement.
- Plus d’impulsion et donc un moment de suspension plus long.
- Le cheval est mieux à même de vous porter, et en tant que cavalier, vous pouvez vous asseoir plus facilement et avec plus d’élégance.
- Moins de risques de blessures pour votre cheval.
2. Comment savoir si mon cheval est droit?
Faire en sorte qu’un cheval soit vraiment droit est, en fait, un processus sans fin. Après tout, un cheval peut toujours être amélioré.
Comme vous le savez déjà, les chevaux sont généralement plus forts et mieux coordonnés d’un côté que de l’autre. Comme les humains, en fait.
Cela se manifeste généralement par le fait que le cheval trouve plus facile de se plier et de s’étirer dans une direction, de peser sur un postérieur plus que sur l’autre et de prendre un contact plus fort sur une rêne que sur l’autre. Même s’ils progressent, vous constaterez généralement que le travail latéral et le rassembler sont plus faciles dans une direction que dans l’autre.
Voici quelques signes indiquant que la rectitude du cheval s’améliore:
- Le cheval prend le même poids sur les deux rênes.
- Fléchir et se plier facilement et uniformément des deux côtés
- Une bonne connexion et un bon rythme lors du travail latéral, des changements d’incurvation et des changements de direction.
- Pas de penchement évident de la tête ou de l’encolure.
- Sensation d’uniformité dans le bassin et les jambes, sans que le cheval ne dévie.
- Pas de déviation évidente en ligne droite, ni de perte d’équilibre dans les virages et les cercles.
Grâce à une éducation correcte et méticuleuse, un cavalier peut aider un cheval à développer sa rectitude et à apprendre à aligner correctement l’arrière-main avec les épaules.
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Comment améliorer la rectitude du cheval?
La rectitude est l’un des éléments les plus importants dans l’éducation d’un cheval, quel que soit son âge. Elle fait partie de l’échelle de progression qui doit être suivie lors de la formation d’un cheval et de l’évaluation de ses progrès. Voici quelques méthodes couramment utilisées pour travailler sur la rectitude en équitation.
1. Exercices à cheval
Les changements fréquents de direction aident à assouplir et équilibrer le cheval et à corriger toute tendance à se pencher ou à s’appuyer sur un côté. Utilisez des exercices tels que des serpentines ou des huit de chiffre pour encourager le cheval à se rééquilibrer régulièrement.
Les exercices de dressage latéral, comme les cessions à la jambe, les épaules en dedans et les hanches en dedans, peuvent être très efficaces pour améliorer la rectitude. Ces exercices encouragent le cheval à se servir de tout son corps et à engager ses postérieurs.
Les transitions entre les allures (par exemple, du pas au trot, du trot au galop et inversement) doivent être exécutées en ligne droite avant d’ajouter des courbes et des tournants. Cela aide à renforcer la capacité du cheval à maintenir sa rectitude sans l’aide de la piste.
2. Travail à la longe
Le travail à la longe est un excellent moyen de travailler le cheval sans le poids du cavalier, permettant au cheval de se concentrer sur son équilibre, sa posture et sa manière de se déplacer.
En effet, travailler à la longe permet au cheval de trouver son équilibre naturel sans interférence directe du cavalier. Cela aide le cheval à apprendre à se stabiliser et à se déplacer de manière plus symétrique et centrée.
En outre, la longe permet de travailler le cheval de manière uniforme sur les deux côtés, contribuant à un développement musculaire équilibré. Les exercices à la longe peuvent cibler des zones spécifiques qui nécessitent plus de force ou de flexibilité, ce qui est bénéfique pour la rectitude latérale.
Sans le cavalier, le cheval peut se concentrer pleinement sur sa posture. Utiliser des enrênements comme le Pessoa, le gogue ou des rênes allemandes peut aider le cheval à adopter un meilleur équilibre, attitude et engagement, favorisant la rectitude longitudinale.
Enfin, le travail à la longe donne au dresseur une chance d’observer le cheval sous tous les angles. Cela peut être très instructif, car il est souvent plus facile de repérer des irrégularités de mouvement ou des asymétries musculaires depuis le sol.